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"Sauver Lavaux III" n'empêchera pas tous les projets immobiliers

Eclaircies sur Cully (Bourg-en-Lavaux) et le Léman (lundi) [Bernard Favre]
Vue sur Cully, une des localités de la commune de Bourg-en-Lavaux. - [Bernard Favre]
Si la région de Lavaux attire bien les projets immobiliers, l'initiative "Sauver Lavaux III" de Franz Weber ne sera pas en mesure de bloquer la plupart des constructions, révèle une enquête de la RTS.

La région de Lavaux fait bel et bien l'objet d'une pression immobilière. Ces trois dernières années, le nombre de permis de construire délivrés dans la commune de Bourg-en-Lavaux approche ou dépasse ceux d'autres communes vaudoises en plein développement. A deux mois de la votation sur l'initiative de Franz Weber "Sauver Lavaux III", la RTS a décortiqué les chiffres des mises à l’enquête.

Dans leur argumentaire, Franz Weber et les initiants de "Sauver Lavaux" mettent en avant les chiffres des mises à l'enquête: 450 pour le périmètre de Lavaux entre le 1er juillet 2011 et le 17 mars 2014 (le périmètre comprend une partie des communes Lutry, Bourg-en-Lavaux, Rivaz, St-Saphorin, Charonne, Corsier-sur-Vevey, Puidoux, Chexbres, et Corseaux).

Pression immobilière

Selon notre enquête, la seule commune de Bourg-en-Lavaux (issue de la fusion de Cully, Villette, Riex, et Grandvaux) a connu 111 mises à l'enquête, soit autant qu'à Nyon, une commune quatre fois plus peuplée. Mais seules 18 procédures concernent des bâtiments d’habitation, dont 8 sont des reconstructions après démolition. Il n'y a donc que 10 bâtiments neufs qui ont fait l'objet d’une demande de permis.

Mais ce chiffre reste relativement élevé en comparaison avec d'autres communes similaires sur le plan de la population (voir encadré). St-Légier totalise 8 mises à l'enquête et Echallens 21, soit à peine plus que la commune viticole de Lavaux. Son attractivité pour la construction paraît donc bien réelle.

Vignoble et vieux bourgs épargnés

A Bourg-en-Lavaux, les nouvelles autorisations de construire se concentrent dans les zones d’agglomération I et II, soit autour du centre de Cully et à Grandvaux, le plus souvent au-dessus du vignoble. Souvent même en amont de l’autoroute. On construit, certes, mais en marge du légendaire vignoble qui est depuis longtemps intouchable. Les vieux villages restent aussi pratiquement intacts. A Bourg-en-Lavaux, on a compté une nouvelle construction en 10 ans, dans le hameau de Villette.

A relever que ni le contre -projet, ni l'initiative n’empêcheront la présence des grues. Toujours à Bourg-en-Lavaux, sur les 18 projets mis à l'enquête entre 2011 et 2014, 8 portent sur des reconstructions après démolition, qui demeurent possibles. Selon les autorités, les 10 autres constructions étaient prévues sur des terrains déjà équipés. Ni l'initiative ni le contre-projet n’auraient donc rien changé: ces projets ne seraient pas bloqués.

Les deux textes soumis au vote ne sont pas pour autant sans effet. D'autres communes du périmètre de Lavaux, possèdent des zones à bâtir qui pourraient se voir réduites. Notamment autour des vieux villages et bourgs.

Laurent Dufour

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Comparatif des projets de construction

Mises à l’enquête de bâtiments ayant abouti à un permis de construire (1.7.2011 – 17.3.2014).

Bourg-en-Lavaux (5100 habitants)
Mises à l’enquête : 18
Villas 15
Immeubles 3

St-Légier (5100 habitants)
Mises à l’enquête : 8
Villas : 7
Immeubles : 2

Echallens (5300 habitants)
Mises à l’enquête : 21
Villas : 7
Immeubles : 15

Nyon (19'000 habitants)
Mises à l’enquête : 25
Villas : 11
Immeubles : 14

Sources : communes, site CAMAC (centrale des autorisations cantonale)

Que dit l’initiative sur les nouvelles constructions ?

Il faut distinguer deux zones:

- Villages, hameaux et anciens bourgs (par exemple Epesses, Villette, St-Saphorin, Rivaz, le centre de Chardonne, etc…): à l'exception des constructions souterraines, toute nouvelle construction est exclue. Les bâtiments existants sont protégés et ne peuvent être démolis qu'exceptionnellement.

- Zones d’agglomération (une grande partie du territoire de Cully, Lutry, Grandvaux, etc., soit des zones déjà fortement urbanisées ou situées en amont du vignoble): les secteurs ni placés en zone à bâtir, ni équipés (en eau et électricité par exemple) en 2005 sont inconstructibles. Les terrains légalisés et équipés avant cette date restent constructibles.

Que dit le contre-projet?

Toutes régions confondues, il prévoit de diminuer les zones à bâtir actuelles: de 40 hectares actuellement à environ 20 hectares.

Cela limite les possibilités de croissance de la population du périmètre de Lavaux de 3500 à 1800 habitants.

Il reste donc des possibilités de construire dans les villages et hameaux.

La majorité des milieux viticoles défendent cette option, qui leur permet de construire des annexes dans les villages pour les besoins de leurs exploitations.