Après l'esclandre au Grand Conseil, le député vaudois Jean-Luc Bezençon exprime ses regrets
Mardi, alors que le Grand Conseil vaudois tenait un débat très tendu sur l'ancienne ZAD du Mormont, la députée d'Ensemble à Gauche Elodie Lopez a pris la parole pour critiquer Jean-Luc Bezençon. "Quand on se permet de faire des leçons de morale aux autres, on a tout intérêt à être irréprochable", a-t-elle lancé, évoquant une directive du Bureau du Grand Conseil, publiée le jour-même, concernant le harcèlement sexuel.
Face aux insinuations de la députée, Jean-Luc Bezençon avait immédiatement réagi, parlant de "scandale", de "diffamation" et d'"atteinte" à sa dignité. Il avait exigé des excuses, sans quoi il porterait plainte pénale. L'incident a semé le trouble au sein du Parlement et la séance a été suspendue avant d'être arrêtée, les élus de droite quittant la salle.
>> Plus de détails concernant cette polémique : Une séance du Grand Conseil vaudois arrêtée après une accusation de harcèlement
Certaines déclarations m'ont beaucoup affecté
Dans une brève déclaration personnelle transmise jeudi aux médias, Jean-Luc Bezençon change toutefois radicalement de ton et vise vraisemblablement l'apaisement. Il se dit "absolument désolé s'il a pu heurter des sensibilités" par des propos qu'il aurait tenu et ne fait plus aucune référence à une éventuelle plainte contre sa collègue.
"Un climat tendu a provoqué des échanges vifs et des réactions inhabituelles. À tête reposée, je regrette cette escalade qui ne répond pas à ce que les électrices et les électeurs attendent de nous", écrit notamment l'ancien syndic de Goumoëns-la-Ville.
"J'ai le plus grand respect pour toute personne qui dédie son temps et son énergie à l’exercice des droits politiques, sans aucune distinction ni discrimination", poursuit-il. "Dans ce contexte, certaines déclarations à mon égard m'ont beaucoup affecté. Je ne me reconnais pas dans ces descriptions, dont certaines sont anonymes."
"Mon vœu le plus cher est que nous puissions désormais nous consacrer en toute sérénité aux sujets importants (...) dans un esprit de confiance réciproque et de respect mutuel. Je m'engage solennellement à faire de mon mieux pour y contribuer", conclut l'élu.
Comportements déplacés d'élus de droite
À la suite de l'esclandre au Parlement, Elodie Lopez s'était explicitée dans les médias, affirmant que son allusion au harcèlement ne ciblait pas spécifiquement Jean-Luc Bezençon, mais que ce dernier avait tenu des propos sexistes et graveleux à son encontre en décembre dernier.
Deux autres élues de gauche, sous couvert d'anonymat, ont aussi reproché des propos sexistes au député PLR. Les langues se sont ensuite déliées en soirée ainsi que le lendemain, pas moins de cinq autres élues témoignant sur Twitter de propos déplacés, sexistes et de comportements physiques inadéquats de plusieurs députés de droite au sein ou en marge du Grand Conseil.
Contactée par Blick, la Verte Léonore Porchet rappelle que même si, dans son cas, "c’était toujours des hommes de droite, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de sexisme chez Les Vert-e-s ou les socialistes".
"La culture sexiste est plus admise à droite", estime la socialiste Sarah Neumann dans le même article. "Des hommes de gauche ont également des propos inadéquats, mais la sensibilisation à ces thématiques est plus grande", poursuit-elle, évoquant toutefois "plutôt un clivage générationnel".
Auparavant, Elodie Lopez avait également reçu le "soutien total" de son chef de groupe Vincent Keller, qui a rappelé les nouvelles règles du Bureau destinées à éviter "les dérapages entre députés". Le Parti socialiste avait aussi soutenu la députée de gauche radicale. "On ne peut pas prendre ses accusations à la légère", a notamment affirmé le président du PS Vaudois Romain Pilloud. "Le Grand Conseil n'est certainement pas irréprochable en matière de harcèlement sexuel."
jop avec ats