Publié

Election complémentaire à Nyon pour tenter de tourner la page de la crise

Reportage à Nyon (VD): qui succédera à l'écologiste Elise Buckle et ramènera le calme dans la commune?
Reportage à Nyon (VD): qui succédera à l'écologiste Elise Buckle et ramènera le calme dans la commune? / La Matinale / 4 min. / le 3 février 2023
Six candidats se présentent dimanche à l’élection complémentaire à la municipalité de Nyon. Leur objectif: remplacer l’élue écologiste Elise Buckle et ramener le calme après une crise institutionnelle sans précédent qui a secoué la commune pendant des mois.

Nyon fait la Une des médias depuis plus d'un an, avec des accusations de guerre de clans, de harcèlement au sein de l'administration, de fuites de documents. Avec cette élection, beaucoup espèrent pouvoir enfin tourner la page. Car la municipale verte Elise Buckle, qu’il s'agit de remplacer, est l'une des protagonistes de cette crise.

>> Lire : Six candidats en lice pour le siège vacant à la Municipalité de Nyon

L’affaire a éclaté en 2021, alors que l'administration communale était déjà gangrenée par des tensions, des employés se plaignant de mobbing et de harcèlement. En décembre, après des fuites, la municipalité annonce qu'elle dépose une plainte pénale pour violation du secret de fonction contre Elise Buckle. Le Ministère public classe l'affaire, mais l'élue verte finira tout de même par démissionner, d’où l’élection de ce dimanche.

L'hôtel de ville de Nyon. [Keystone - Martial Trezzini]
L'hôtel de ville de Nyon. [Keystone - Martial Trezzini]

Parmi les candidats à sa succession, il y a une femme et cinq hommes. La conseillère communale verte Valérie Mausner Léger et son collègue, le PLR Olivier Riesen, partent légèrement favoris. Mais un outsider pourrait créer la surprise: l'ancien journaliste et candidat hors parti Pierre-Alain Dupuis.

La date du second tour, qui apparaît comme le scénario le plus probable, est fixée au 26 février.

"Système Rossellat"

Pour cette élection à fort enjeu politique, la participation ne s'annonce toutefois pas très élevée. Jeudi soir, seuls 20% des électrices et électeurs avaient renvoyé leur bulletin de vote dans cette ville de 22'000 habitants.

Durant cette crise, c’est aussi le "système Rossellat" que certaines voix ont dénoncé. Le syndic Daniel Rossellat, avec l'exécutif, incarne le camp opposé à Elise Buckle. Selon ses détracteurs, il aurait mis en place un régime d'omerta.

Aujourd'hui, après quinze années à la tête de la ville, le patron de Paléo, sans parti, paraît isolé et passablement contesté. Des tags anti-Rossellat ont ainsi fleuri sur les murs de la ville.

Mais pour Michel Jotterand, rédacteur en chef du journal La Côte, ce n'est pas une lame de fond. "Le pouvoir use, il y a eu des échecs. C'est vrai qu'il commence à baisser en popularité. Mais je ne suis pas persuadé que c'est aussi grave qu'on peut le dire: une pétition en ligne a circulé, et n'a récolté qu'une centaine de signatures. Je ne suis pas sûr qu'il soit si contesté que cela", estime-t-il.

Perte de confiance

En revanche, la classe politique en général n'est pas épargnée. "Je pense qu'il y a une perte de confiance envers le système. De nombreuses personnes sont persuadées qu'Elise Buckle est la victime dans cette affaire, et trouvent que cette crise a été très mal gérée", indique Michel Jotterand.

Après l'élection de dimanche, la page de la crise institutionnelle ne sera pas encore définitivement tournée. Des négociations sur le règlement du personnel communal sont en cours et ont bien avancé selon le syndicat SSP. Les situations de harcèlement au travail devraient être mieux gérées à l'avenir.

Les suites de cette crise occupent aussi la commission de gestion du conseil communal.

Enfin, un groupe de citoyens a aussi saisi la Cour des comptes de l'Etat de Vaud, demandant l'ouverture d'une enquête sur la gestion communale jugée défaillante.

Martine Clerc/kkub

Publié