Travaux du tunnel du LEB
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Le LEB entrevoit le bout du tunnel

Avant que les trains Lausanne-Echallens-Bercher (LEB) ne disparaissent du paysage urbain lausannois, il reste quelques travaux d'excavation et de raccordement pour finaliser le tunnel entre Lausanne et Prilly. La circulation du LEB sera interrompue durant 200 jours, à partir du 25 septembre. Retour sur un chantier titanesque.

Sujets Radio: Xavier Alonso

Adaptation Web: Katia Bitsch

Encore 18 mois de travaux

Mise en service en avril 2022

Il faudra attendre le printemps 2022 avant de voir les trains emprunter cette galerie sous l'avenue d'Echallens, entre les gares d'Union-Prilly et de Lausanne-Chauderon.

Un retard sur le calendrier qui s'explique par plusieurs aléas: une géologie du sous-sol complexe, des découvertes archéologiques inattendues dans le parc de la Brouette, des émanations de souffre inexpliquées et, évidemment, la pandémie.

Désormais, en théorie, rien ne devrait retarder la suite des travaux, ce qui permet aux responsables d'annoncer une mise en service du tunnel en avril 2022. D'ici là, il reste encore du pain sur la planche avec les derniers travaux d’excavation, le raccordement du nouvel ouvrage avec l’existant et l'installation des équipements techniques

>>> Regardez l'interview de Samuel Barbou, Directeur de projets aux transports lausannois, à propos de l'avancement du chantier

Travaux du tunnel du LEB
Travaux du tunnel du LEB / L'actu en vidéo / 1 min. / le 23 juin 2021

Un chantier hors norme

250'000 tonnes de matériaux excavés

Les travaux ont démarré à l’été 2017. Pour acheminer les ouvriers et les machines, un puits de 42 mètres a été creusé sous le parc de la Brouette. Deux haveuses ont rongé la molasse à une vitesse de 3,5 mètres par jour en direction de Prilly et de Lausanne-Chauderon.

Au total, 250'000 tonnes de matériaux ont été excavés. Pour limiter au maximum les impacts auprès des riverains, les matériaux d'excavation du chantier ont été déversés au fond du puits pour être évacués par voie souterraine jusqu'au tunnel reliant l’usine d’incinération Tridel au réseau CFF. Le chargement sur convois ferroviaires a permis d’éviter la circulation quotidienne de 30 à 40 camions au centre-ville.

La réhabilitation de l’avenue d’Echallens

Un quartier qui change

Quand les trains circuleront sous l’avenue d’Echallens, les voies en surface, qui ne seront plus utilisées, seront démantelées. A terme, l’espace aujourd’hui réservé au passage des trains sera reconsidéré par la Ville de Lausanne. Des réflexions sont en cours, notamment pour accorder une plus grandes place aux voies de mobilités douces.

Les riverains de la place Chaudron attendent ce changement avec impatience.

On est assez impatient de ne plus entendre enfin le bruit du LEB

Raphaël, gérant du bar le 121 sur l'avenue d'Echallens

>>> Ecoutez le reportage de Xavier Alonso sur la 1ère dans la matinale du mardi 22 juin

Les usagers du LEB attendent avec impatience la mise en service du futur tunnel lausannois. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Ici la Suisse – Le LEB bientôt enterré sous l’Avenue d'Echallens / Ici la Suisse / 5 min. / le 22 juin 2021

Voyage bucolique dans les années 1970

"Tout doux, tout doux, tout doucement..."

"C'est parti pour un voyage d'agrément, à bord de la "brouette", l'autre nom du train Lausanne-Echallens-Bercher." En 1970, l'émission "Bonsoir" emmène les téléspectatrices et téléspectateurs à la découverte de ce train, de la nature, des villages et des gens au long de la ligne du chemin de fer reliant Lausanne au Gros-de-Vaud et au Jorat. L'occasion aussi d'entendre Michel Bühler chantant "Le pays qui dort".

Au printemps 1995, les Lausannois doivent dire adieu à un bâtiment emblématique des transports publics vaudois: la gare provisoire du LEB.

Une halte provisoire qui a duré plus de 120 ans, dans l'attente du prolongement du train régional jusqu'au Flon.

La baraque, lieu de souvenirs pour les habitués du plus petit buffet de Suisse, va être démolie dans les semaines qui suivent. La façade Est de la bâtisse, ainsi que quelques pièces de mobilier, passeront à la postérité au Musée des transports de Lucerne.

>> Regardez ce reportage de JF Nicod et JA Schneider dans le JT du 18 avril 1995 :

La gare provisoire du LEB à Chauderon en 1995. [RTS]
Le LEB / Tj-régions / 2 min. / le 18 avril 1995

150 ans d'histoire

D'où vient le nom de la "brouette"?

Monorail Larmanjat

Ce monorail Larmanjat fut en quelque sorte l'ancêtre du LEB

en 1868. Guidé par un rail unique, il pouvait atteindre 19 kilomètres. Mais la locomotive abandonnait fort souvent la voie pour courir à droite et à gauche, comme une brouette, d'où le surnom donné à la ligne, précise le livre du centenaire du LEB.

"Voici le danger"

Lors des huit premiers mois d’exploitation, un sapeur devait marcher en avant-coureur, muni le jour d’un drapeau et la nuit d’un falot, devant le train à l’Avenue d’Echallens en criant à tue-tête : "Gare, voici le danger!":

Le Grand Conseil octroya en 1872 à la nouvelle compagnie du Lausanne-Echallens une concession pour la construction d'un chemin de fer à deux rails et à voie étroite. Le L-E est donc le premier chemin de fer de Suisse à voie métrique.

Premier coup de pioche en 1872

Le premier coup de pioche pour la construction de la ligne Lausanne-

La fabrique Nestlé à Bercher, établie en 1880 dans un ancien moulin, reliée à la gare de Bercher par un téléphérique. Le LEB permettait le transport de 10 000 tonnes de marchandises par an. [Carte postale éditée par James Perret, 1910 - James Perret]

Chauderon à Cheseaux fut donné en 1872 et l'inauguration de ce tracé eut lieu le 4 novembre 1873.

Le 1er juillet 1886, la ligne fut prolongée jusqu'à Bercher, surtout pour le trafic de marchandises lié à la condenserie Nestlé.

En décembre 1921, Nestlé décide de fermer sa condenserie, mais le LEB conserve son rôle de transport de marchandises jusqu'en 1971.

Plateforme de déchargement des marchandises en 1971 sur la ligne du LEB [Wikimedia Commons, License CC BY SA 2.0 - Jean Henri Manara]

Dès le début des années 1920, un projet d'électrification de la ligne est à l'étude en raison de la gêne occasionnée par la vapeur en ville.

La première automotrice roule dès 1935.

Parmi les cinq automotrices originelles, seules deux ont été préservées. La BDe 4/4 21 a été refaite et baptisée Ropraz, puis ransformée en voiture de salon. La 22 a été vendue au chemin de fer Nyon-Saint-Cergue-Morez en 1991, où elle est désormais immatriculée 221. La 23 sur la photo ci dessus a été mise hors service en 1990 à la suite d'un accident et démolie en 1995.