Pour justifier ces transformations, les Transports publics lausannois (tl) mettent en avant les changements d'habitudes de la clientèle mais aussi le coût que représente les distributeurs.
"Sur les 600 distributeurs de notre parc, 300 ne vendent que 8 billets par jour. C'est sur la base de ces évolutions importantes que nous avons décidé de réorganiser et d'optimiser notre parc de distributeurs automatiques", explique Giuseppe Luciano, responsable de l'unité Relation client des tl, vendredi dans le 19h30.
Au total, il faut compter 2500 francs chaque année pour l'entretien d'un distributeur, alors qu'un billet sur deux est aujourd'hui acheté par voie numérique: application, sms ou carte prépayée.
Des aînés inquiets
Mais ce changement de paradigme ne passe pas auprès de tout le monde. Du côté des associations de défense des retraités notamment, on craint que ce démantèlement restreigne le déplacement de certains seniors.
Pour Jacqueline Rouyet, 80 ans, usagère des tl et membre du groupe AVIVO ("Association de défense et de détente de tou-te-s les retraité-e-s et futur-e-s retraité-e-s"), les alternatives proposées ne sont pas satisfaisantes:
"Avec la carte prépayée, il y a la possibilité de scanner le titre de transport dans le bus, mais ça j'oublie parce que pendant que je prends ma carte, je risque de tomber. Donc je me sens un peu prise au piège, c'est comme si les tl allaient m'obliger à acheter, d'ici quelque temps, un téléphone portable pour pouvoir me procurer un billet."
Une tendance de fond
Cette étape supplémentaire vers la numérisation des pratiques quotidiennes pourrait donc laisser une frange de la population sur le bord de la route. C'est en tout cas ce que pense René Knüsel, sociologue à l'Université de Lausanne. "C'est vrai, les distributeurs sont moins utilisés, mais c'est aussi qu'il y en a moins. Ce qui me pose problème, c'est la minorité de gens qui ne pourra pas s'adapter. On n'a pas encore réfléchi de quelle manière on pourra quand même les faire bénéficier des services publics de façon générale."
De leur côté, les Transports publics lausannois assurent que les distributeurs qui restent couvriront près de 90% de la demande. Mais le démantèlement des automates semble bien être une tendance de fond. A Genève, les TPG entament eux aussi une réflexion sur le sujet.
Yoan Rithner/ther