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Bataille judiciaire autour d'un précieux vase antique à Lausanne

Un vase romain vieux de 2000 ans est au centre d'un procès plutôt insolite.Deux particuliers se disputent cet objet unique.
Un vase romain vieux de 2000 ans est au centre d'un procès plutôt insolite. Deux particuliers se disputent cet objet unique. / 19h30 / 2 min. / le 16 février 2021
La propriété d'un vase romain exceptionnel, vieux de 2000 ans, oppose deux particuliers devant la justice vaudoise. L'affaire illustre le manque de transparence dans le monde secret de la vente d'antiquités.

Une ressortissante belge et un Lausannois se disputent cette pièce majeure de l'art antique, unique au monde.

Il s'agit d'un vase finement ciselé il y a 2000 ans par un artiste exceptionnel. Dans le verre apparaît un héros de la Rome antique - Apollon ou Orphée, peut-être. La valeur de l'objet est estimée au minimum à cinq millions de francs.

De telles pièces induisent une énorme spéculation, mais aussi tout un marché parallèle, confirme l'archéologue Michel Fuchs (UNIL) lundi dans le 19h30.

Aucune preuve de propriété

Et c'est précisément ce qui se joue à Lausanne, où les deux particuliers se disputent la possession de cette pièce unique au monde sans qu'aucune partie ne puisse en prouver la propriété.

"La famille de ma mandante est une famille de collectionneurs, de marchands, qui ont été actifs dans le marché de l’art depuis des siècles", explique l'avocat de la défense, Me Renold. "Et jusqu’à très récemment, on ne demandait rien: les choses se faisaient par poignée de mains, sans documents".

Mais il y a d’autres versions, qui font état de fouilles illégales et de transferts douteux. La RTS a pu retracer le périple du précieux vase. Originaire de la Rome antique, il se retrouve en Tunisie 2000 ans plus tard. Il passe ensuite par Bruxelles, Londres et Los Angeles pour des estimations. Il est finalement mis sous séquestre en Belgique suite à la plainte d’un marchand lausannois "adepte des combines", selon le Ministère public vaudois.

"Discrétion" mais pas "opacité"

"La discrétion est nécessaire comme dans certains domaines de l’activité économique et on peut la confondre avec de l’opacité", reconnaît l'avocat du plaignant Me Gintzburger. "Mais cela n’a pas été le souhait de sa part", assure-t-il.

Une chose est sûre: la jalousie et la convoitise règnent dans le marché de l'art antique, malgré les lois internationales. Et pour l'archéologue Michel Fuchs, la vérité doit passer avant l'avidité pour que cette oeuvre trouve sa place dans un musée.

"Tous ces objets sont véritablement un patrimoine de l’humanité et à ce titre-là mérite qu’on y fasse attention", souligne-t-il.

Plusieurs procédures en cours

Le Ministère public vaudois a également annoncé vouloir rendre ce vase au public. Un premier verdict sera rendu jeudi, mais d’autres procédures judiciaires sont en cours. En attendant, Dircé, Orphée ou Apollon attend patiemment son heure de gloire dans l’ombre dans un coffre-fort belge.

Serge Mérillat/oang

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