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Le présumé djihadiste vaudois interrogé par les juges à Paris

Fin du procès à Paris d'un Vaudois présumé terroriste. Il risque une lourde condamnation.
Fin du procès à Paris d'un Vaudois présumé terroriste. Il risque une lourde condamnation. / 19h30 / 2 min. / le 12 janvier 2021
La Cour d'assise spéciale de Paris juge depuis le lundi 4 janvier un Vaudois présumé djihadiste, soupçonné notamment d'avoir recruté, via une messagerie cryptée, un groupe d'hommes se préparant à commettre des attentats, sur sol français et suisse.

Dans la salle d'audience, le jeune homme d'origine serbo-croate de Bosnie a été interrogé mardi sur les faits qui lui sont reprochés. Un interrogatoire qui a duré plus cinq heures. Devant la Cour, ce Vaudois a tenté de justifier et démonter les nombreuses accusations faites contre lui.

Pour résumer à grands traits, lui sont reproché par le parquet national anti-terroriste sa consommation massive de propagande djihadiste, des discussions secrètes avec d'autres individus radicalisés et avec sa femme. Le sujet de toutes ces conversations portait entre autres sur des modes opératoires et des cibles d'attentats en France et aussi en Suisse.

Pour s'expliquer, le Vaudois a souvent tout ramené à des problèmes conjugaux. Regarder des vidéos d'égorgement et de décapitation? C'était pour "faire peur à ma femme et avoir une emprise sur elle". Profaner un cimetière à Yverdon-les-Bains? "Je cherchais son admiration", a-t-il répondu. Devenir l'émir d'un groupe d'hommes radicalisés fomentant des attentats? "C'était pour l'impressionner et éviter qu'elle me quitte".

En somme le djihad comme un acte d'amour. Des explications qui ont sérieusement agacé le président de la Cour mais aussi, plus surprenant, les avocates du prévenu.

Une forme de déni

Aux questions sur des faits précis, le Vaudois est de nouveau resté dans des explications psychologiques. Il a notamment prononcé quelques phrases-clefs: "J'avais un mal être à l'époque, je me suis refermé sur moi-même, j'avais besoin de consommer de la propagande pour me sentir bien, j'aimais me faire remarquer, contredire les gens et frimer [lors des échanges sur cette messagerie cryptée]", a-t-il notamment déclaré aux juges.

Ce mardi après-midi, durant ces longues heures d'interrogatoire, le djihadiste présumé s'est semble-t-il évertué à minimiser ses actions, s'enfermant dans une forme de dénégation: "Son profil psychologique indique qu'il est dans le déni: il n'assume pas ses actes. Il est immature sur le plan personnel, intellectuel et sentimental. Il cherchait à se construire une virilité", considère Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme. "C'est un petit tyran: il frappe sa femme, maltraite ses enfants. Il dissimule beaucoup de sa participation aux faits très précis qui lui sont reprochés", ajoute-t-il.

Depuis le début de ce procès, sa ligne de défense n'a jamais changé: les propos – certes ultraviolents et macabres – qu'il a tenus sur cette messagerie cryptée ou dans sa voiture, ce n'était que des paroles, a-t-il plusieurs fois répété. Le Vaudois a affirmé ne jamais avoir eu l'intention de passer à l'acte: "Je ne suis pas fou", a-t-il lancé au président de la Cour. En fin d'audience, il a tout de même exprimé des regrets et demandé aux juges de lui "laisser une chance".

Le djihadiste présumé encourt trente ans d'emprisonnement.

>> Ecouter, "Procès du présumé djihadiste vaudois à Paris :

Procès du présumé djihadiste vaudoise à Paris : interview de Jean-Charles Brisard
Procès du présumé djihadiste vaudoise à Paris : interview de Jean-Charles Brisard / Forum / 7 min. / le 12 janvier 2021

Marc Menichini/sjaq

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