Publié

Peine pécuniaire avec sursis pour l'activiste antispéciste Virginia Markus

Virginia Markus a été condamnée avec sursis pour ses actions visant des abattoirs suisses (vidéo)
Virginia Markus a été condamnée avec sursis pour ses actions visant des abattoirs suisses (vidéo) / Forum / 5 min. / le 19 novembre 2020
L'antispéciste Virginia Markus a été condamnée jeudi à une peine de 100 jours-amendes à 20 francs avec sursis de deux ans et une amende de 200 francs par le Tribunal de Police de la Côte à Nyon (VD).

Elle a notamment été jugée coupable d'appropriation illégitime. La militante romande a également été condamnée pour violation du domaine secret ou du domaine privé au moyen d'un appareil de prise de vue, contrainte, violation de domicile et empêchement d'accomplir un acte officiel. Le Ministère public avait requis 120 jours-amende à 30 francs avec sursis et à une amende de 300 francs à l'encontre de l'accusée. Elle et son avocat Olivier Peter "n'excluent pas de faire appel devant le Tribunal cantonal".

Paradoxalement, bien que le Tribunal ait constaté que la jeune femme se soit rendue coupable de violation du domaine secret ou du domaine privé au moyen d'un appareil de prise de vue dans le cas de l'abattoir de Rolle (VD), elle a été exemptée de peine pour ces faits-là. Ceux-ci avaient permis de mettre en lumière un abattage ne respectant pas les normes en vigueur.

"Motif honorable" réfuté

"Cela montre que ce film était nécessaire", a commenté l'activiste à la sortie de la salle d'audience. On reprochait aussi à la jeune femme deux vols: celui de 18 cabris et celui de 24 poules promises à l'abattoir. Son avocat avait demandé une peine atténuée "en raison du motif honorable".

Le Tribunal ne l'a pas suivi sur ce point et n'a pas non plus retenu "l'état de nécessité" dans ces deux cas. Il a jugé que les outils de la démocratie directe suisse permettent de mener un combat tout en restant dans le cadre de la légalité.

La condamnée a déploré cette vision. Elle s'est dit "effarée de constater à quel point l'ordre établi peine à se remettre en question même lorsqu'on lui apporte de solides arguments". Selon elle, "les activistes qui mettent un coup de pied dans la fourmilière sont indispensables pour faire avancer les choses" et se montrent complémentaires avec les moyens légaux tels que les initiatives.

Lors du procès, elle avait affirmé n'avoir "absolument pas l'intention de réitérer des actions de désobéissance civile". Cela a joué en sa faveur. Le Tribunal a en revanche déploré que la condamnée n'ait "pas hésité à porter préjudice à autrui pour imposer sa vision de la société".

Se vouer à son "sanctuaire"

Aujourd'hui, la Genevoise de 30 ans dit vouloir se consacrer au "sanctuaire" qu'elle a monté dans les Alpes vaudoises avec son compagnon Pierrick Destraz, fils d'Henri Dès, et leur association. Virginia Markus n'a en effet plus fait parler d'elle depuis un an et demi. Jeudi, une poignée de militants antispécistes est venue la soutenir à la sortie du Tribunal avec des banderoles, voyant en elle "une héroïne".

Tort moral

Virginia Markus a aussi été condamnée à verser 5624 francs en tort moral et en dommages et intérêts à l'éleveur auquel elle avait volé les cabris. Elle devra aussi rembourser ses 5813 francs de frais d'avocat.

Jean-David Pelot, avocat de l'éleveur, s'est pour sa part "félicité que le Tribunal ait appliqué la loi avec raison et mesure". Il estime toutefois que les absences d'excuses auraient dû valoir à l'accusée une absence de sursis. Son client s'est, lui, dit "soulagé". Il déplore d'avoir été "pris en otage" par des activistes "adeptes du 'diktat'". "Avec moi, ils se sont trompés de cible. J'adore mes bêtes et suis à l'opposé des élevages intensifs que je condamne parfois tout comme eux", a déclaré ce fromager.

Interrogée dans Forum, Virginia Markus a relevé qu'elle a "été surprise en bien d'avoir été exemptée de peine par rapport aux caméras cachées de l'abattoir de Rolle. Pour le reste des actions, j'ai été condamnée et cela révèle bien les deux mondes qui s'entrechoquent, entre les personnes qui considèrent les animaux comme des ressources et les autres qui considèrent les animaux comme des individus à part entière et comme la science qui les reconnaît comme tels aussi".

ats/jpr

Publié