Le député de la gauche radicale veut, selon ses termes, rétablir "l'égalité devant l'impôt". Pour Jean-Michel Dolivo, les députés bénéficient d'un "passe-droit" qu'il faut abolir, d'autant plus que ce rabais ne repose sur aucune base légale, bien qu'il soit pratiqué dans le canton depuis plus de 50 ans. Interrogé par le journal 24 Heures, le fisc vaudois estime lui qu'il s'agit d' une pratique administrative".
Au Grand Conseil vaudois, les députés touchent 480 francs par journée de travail, mais ils ne sont taxés que sur 15% de cette somme, soit environ 70 francs. Les députés perçoivent aussi des indemnités pour frais administratifs, de transport, quand ils siègent dans une commission ou rédigent un rapport. D'après plusieurs parlementaires, un député lambda, plutôt assidu, touche "grosso modo" 25'000 francs par an.
Et dans chaque canton, la pratique est différente: à Genève, les jetons de présence sont désormais imposés à 90%, à Fribourg, on peut déduire 8000 francs sur sa feuille d'impôts, alors qu'en Valais et dans le canton de Berne, certaines indemnités sont intégralement taxées ou presque, alors que d'autres échappent en grande partie au fisc.
Rabais fiscal déjà plusieurs fois attaqué
Dans le canton de Vaud, ce n'est pas la première fois qu'on s'attaque à ce rabais fiscal. Il y a une dizaine d'années, la même demande avait échoué au Parlement vaudois. Mais le contexte a changé: impossible d'échapper à la lame de fond qui veut imposer plus de transparence dans la vie politique. On peut parler des affaires des notes de frais d'élus, des déclarations d'impôts de conseillers d'Etat ou du financement des partis.
Au Grand Conseil vaudois, la droite devrait dans l'ensemble combattre cette motion, mais les fronts ne sont de loin pas figés.
La crainte d'une "professionnalisation" de la politique
Interrogé mardi dans l'émission Forum, Philippe Jobin, le chef de groupe UDC au Grand Conseil, va s'opposer à cette motion. "On ne parle pas de privilège fiscal. Pour en avoir un, il faudrait que nous ayons un salaire", souligne-t-il. Il insiste sur le fait que les députés sont "défrayés" en fonction de leur travail et de leur investissement.
"La gauche et l'extrême-gauche veulent impérativement professionnaliser notre politique, alors que l'ADN de la politique vaudoise, c'est la milice", estime Philippe Jobin. En effet, comme lui, certains craignent que si l'on impose davantage les jetons de présence, beaucoup de députés réclameront une augmentation de leurs indemnités. "Cela n'est plus un défraiement, mais un salaire par mois (...). Et dès que vous avez un salaire, toutes les prestations sociales suivent. Cela ne va pas coûter moins cher", tranche le député UDC.
Sujet radio: Martine Clerc
Adaptation web: Jessica Vial