Le gouvernement vaudois répondait à l'interpellation déposée en mai 2018 par le député PLR Marc-Olivier Buffat. Il demandait des explications quant à cet achat raté qui a coûté, travaux après livraison compris, 816'000 francs. Livré le 6 décembre 2016 dans le port de Chevroux (VD), il n'a pratiquement jamais servi.
Coûteux amateurisme
Le Conseil d'Etat a pointé du doigt l'amateurisme au sein de la police dans ce dossier: "Le cahier des charges de l'objet souhaité n'était pas assez exigeant, complet ni contraignant. Il ne se trouvait aucun expert véritable, au sein du personnel de la police cantonale vaudoise, pour élaborer ce cahier des charges ni pour assurer le suivi des travaux. Un expert externe aurait dû être mandaté", a réagi le gouvernement.
Face à l'ampleur des problèmes, l'exécutif vaudois a annoncé avoir adressé une dénonciation pénale au Ministère public pour vérifier si une infraction a été commise par l'un ou l'autre intervenant. Il faudra aussi déterminer si le chantier naval qui a livré le bateau, Agromare, doit être poursuivi pour une éventuelle escroquerie.
Par ailleurs, une enquête disciplinaire a été ordonnée au sein de la police vaudoise pour savoir si des manquements d'ordre professionnel sont imputables aux cadres de l'administration impliqués dans ce dossier. Le Conseil d'Etat relève que ces derniers sont aujourd'hui tous déplacés dans d'autres fonctions ou partis à la retraite.
Défauts tous azimuts
Prévu pour remplacer la vieille vedette d'intervention de la brigade du lac de Neuchâtel, l'achat de ce navire de surveillance dans un chantier naval d'Angri-Salerno (I) avait tourné au fiasco et défrayé la chronique au printemps dernier. L'ampleur des défauts est apparue lors de l'utilisation du bateau sur le lac de Neuchâtel: coque trop mince, soudures mal réalisées, installations électriques défaillantes, normes antipollution pas respectées... La police a finalement été contrainte d'interdire sa navigation.
Après son immobilisation, les missions de la brigade du lac ont d'abord été assurées par une embarcation gonflable semi-rigide, avant qu'un bateau de location de construction suisse ne vienne à la rescousse.
Aujourd'hui, le navire à problème est toujours en cale sèche et ne naviguera probablement plus. Interrogée par l'ATS, la police a tenu à souligner que l'équipement électronique et le moteur pourront être revendus ou réutilisés.
ats/vic