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La succession du directeur du CHUV agite le monde médical et politique

Pierre-Francois Leyvraz. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
La succession de Pierre-François Leyvraz à la tête du CHUV / Forum / 2 min. / le 22 janvier 2019
Le directeur général du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) Pierre-François Leyvraz prendra sa retraite à la fin de l'année, ouvrant la voie à sa succession. Les médecins et la classe politique y portent un grand intérêt.

Un nom revient régulièrement parmi les successeurs potentiels à Pierre-François Leyvraz: il s'agit d'Oliver Peters, l'actuel directeur général adjoint du CHUV. Plusieurs cadres de l'hôpital s'attendent à le voir être nommé.

Le fait qu'il soit pressenti pour reprendre la direction générale n'est pas nouveau. Oliver Peters est un proche de Pierre-Yves Maillard, ministre vaudois de la Santé: il a été son conseiller personnel, puis directeur administratif et financier du CHUV de 2007 à 2013. Il est ensuite devenu vice-directeur de l'Office fédéral de la santé publique à Berne avant de revenir au CHUV en 2017.

Craintes à l'interne

Si Oliver Peters est nommé, l'établissement lausannois sera alors piloté par un profil d'administrateur et de financier, mais pas par un médecin. Ce point en froisse plus d'un au CHUV. Certains cadres contactés par la RTS craignent en effet de voir l'hôpital géré par un technocrate.

Les compétences médicales ne seront pas pour autant écartées. Le CHUV recherche en effet un tandem, avec un directeur général et un directeur médical. Aujourd'hui, Pierre-François Leyvraz endosse les deux casquettes.

Avec le modèle de gouvernance actuel de l'hôpital vaudois, certains cadres redoutent que les décisions se prennent plutôt entre le directeur général et le ministre de la Santé directement, plutôt qu'avec le directeur médical qui se retrouverait mis un peu sous tutelle.

Critique du modèle de gouvernance

Le modèle de gouvernance du CHUV est aussi critiqué au niveau politique: le PLR en a fait son combat principal ces derniers mois. Le parti appelle à dépolitiser le CHUV et à lui créer un conseil d'administration. Aujourd'hui, l'établissement n'en a pas et fait figure d'exception. Le directeur général traite directement avec Pierre-Yves Maillard toutes les semaines.

Le PLR veut faire en sorte que Pierre-Yves Maillard n'ait plus la haute main sur l'hôpital, qui n'est légalement qu'un service de son département de la Santé. Le PLR est convaincu qu'avec un conseil d'administration, le CHUV serait forcé de faire plus attention aux dépenses et contribuerait ainsi à mieux contrôler les coûts de la santé. Le PLR a déposé une interpellation au Grand Conseil sur ce sujet.

Beaucoup de changements sont donc à venir pour le CHUV, tant au niveau de sa direction générale que de sa gouvernance. Deux thèmes portés sur la scène politique à la veille du départ de Pierre-Yves Maillard pour la présidence de l'Union syndicale suisse en mai prochain.

Valérie Hauert/gma

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"Quel est le problème?"

Interrogé mardi dans l'émission Forum de la RTS, Pierre-Yves Maillard, conseiller d'Etat vaudois et chef du Département de la santé et de l'action sociale, indique que le processus de recrutement pour renouveler la direction général du CHUV est en cours. "Je peux seulement signaler qu'Oliver Peters est soutenu par beaucoup de gens au sein de l'hôpital, y compris par des médecins", relève-t-il.

En ce qui concerne l'absence de conseil d'administration et le système de gouvernance de l'établissement, l'élu vaudois ne comprend pas les critiques. "Quel est le problème si le ministre de la Santé, élu par le peuple, a un lien direct avec celui qui dirige la principale institution de santé publique et d'hospitalisation? Est-ce que ça ne serait pas plutôt l'inverse qui serait un problème? Vouloir dépolitiser, ça veut dire priver la population de son mot à dire sur des institutions qui comptent pour elle."

>> L'interview de Pierre-Yves Maillard dans Forum: