Avec le nouveau cadre vaudois, les autorités souhaitent assouplir les conditions d’encadrement. Le but de cette réforme est de faire baisser les coûts. Mais plusieurs points font tiquer les professionnels, qui parlent d’un futur accueil "au rabais" (voir encadré).
Vaud sera-t-il vraiment moins bien loti que les autres cantons dès 2019? L'émission On en parle a compilé les règlements des six cantons romands en matière d’accueil parascolaire. Difficile d'être catégorique, tant chacun a sa propre organisation et ses propres exigences en matière de formation du personnel. Mais il est possible d'en tirer quelques enseignements.
>> Lire : Le comparatif complet entre les cantons romands réalisé par On en parle
Des conditions d'encadrement assouplies
Les conditions les plus confortables en matière d'encadrement se trouvent à Berne: un adulte pour 10 enfants au maximum, quel que soit l’âge. A Genève, cela varie en fonction du moment de la journée (matin, midi ou soir). Le mieux, c’est chez les petits de 1-2P (école "enfantine") le soir, un éducateur pour 8 enfants.
Avec le nouveau règlement vaudois, le ratio passe à un éducateur pour 15 enfants de 3-6P, comme dans le canton du Jura.
Enfin, avec un adulte pour 18 enfants chez les 7-8P (10-12 ans), Vaud fait comme Neuchâtel, qui a le même ratio pour le deuxième cycle (5-8P) et Genève: un adulte pour 17 enfants chez les grands à midi.
Un autre critère qui diffère selon les cantons, c’est la proportion entre personnel formé et personnel auxiliaire.
En Suisse romande, les cantons les plus stricts sont Genève et le Jura, avec 80% de personnel formé au minimum. Les plus souples sont Vaud (dans le nouveau cadre) et Fribourg, avec un tiers de personnel formé.
Mais Neuchâtel et Vaud font des différences selon l’âge des enfants. A Neuchâtel, il n’y a pas obligatoirement de personnel formé pour les plus grands (deuxième cycle, soit 5-8P).
Exigences de formation élevées
Mais la comparaison n'est pas vraiment possible, car les exigences en matière de formation diffèrent totalement d'un canton à l'autre. A Genève, où l'on trouve 80% d’animateurs, soit un taux très élevé, leur formation continue consiste en 120 heures de cours seulement, alors qu'à Fribourg, la formation d’intervenant en accueil extrascolaire est dispensée par la haute école du travail social et compte 400 heures.
Et dans le canton de Vaud, les exigences sont particulièrement élevées: un éducateur doit être au bénéfice d’un diplôme d’une école supérieure, HES ou équivalent, soit 3 ans d’études supérieures. C’est d’ailleurs l’un des arguments principaux de l’Etablissement intercommunal pour l'accueil collectif parascolaire (EIAP) dans son projet: puisque les professionnels vaudois sont très bien formés, ils peuvent encadrer plus d’enfants…
Reste qu'avec son nouveau taux d’encadrement, le canton de Vaud revoit ses ambitions à la baisse pour alléger la facture des communes et ouvrir les places qui manquent cruellement. Les normes vaudoises sont également en dessous des recommandations de kibésuisse, la fédération suisse pour l'accueil de jour de l'enfant, sur lesquelles s'appuie le collectif parascolaire opposé au nouveau règlement.
Isabelle Fiaux et Ainhoa Ibarrola/jvia
Les points contestés du nouveau règlement vaudois
1) Le nombre d’enfants par adultes: actuellement, on trouve au minimum un éducateur pour 12 enfants de la 3 à la 6P Harmos (de 6 à 10 ans). Dès 2019, cela sera un éducateur pour 15 enfants.
Et d'un adulte pour 15 enfants pour 7-8P Harmos (10-12 ans), l’an prochain, on passera à 18 enfants pour un professionnel.
2) L'espace intérieur disponible pour l’accueil des enfants: le nouveau règlement préconise au minimum 2m2 par enfant dès la 3P (6 ans).
3) La possibilité d’engager des auxiliaires, donc du personnel non formé, pour accompagner les enfants lors des trajets entre l’école et l’UAPE et pour les repas de midi. Les éducateurs s’y opposent fermement.
A noter que ce sont des standards minimaux et que chaque réseau est libre d’engager plus de personnel par enfants ou plus de personnes formées.
Négociations en cours
Deux jours de mobilisation, des grèves et une manifestation à Lausanne contre le nouveau cadre des conditions d'accueil: l'automne a été chaud dans les unités d’accueil pour les écoliers (UAPE) vaudoises.
Mais la mobilisation des syndicats, des milieux professionnels et des parents a fini par payer: l'Etablissement intercommunal pour l'accueil collectif parascolaire (EIAP) a accepté de rencontrer ses représentants le 11 décembre. Des négociations sont en cours pour trouver un accord sur le nouveau cadre, dont l’entrée en vigueur est repoussée au 1er février.