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Les stations d'épuration valaisannes encore loin du compte, malgré un progrès

La station d'épuration de Sion-Châteauneuf, en Valais. [RTS]
Les stations d'épuration valaisannes encore loin du compte, malgré un progrès / La Matinale / 1 min. / le 6 octobre 2021
Les stations d'épuration valaisannes ne respectent pas toutes les prescriptions légales, selon le dernier bilan cantonal publié mardi. Si aucun incident majeur n'a été signalé en 2020 et que les moyennes sont satisfaisantes, des rejets non-conformes sont constatés et de nombreux seuils sont dépassés.

En matière de traitement des eaux usées, et malgré la communication rassurante du Service cantonal de l'environnement, les défis et problèmes à résoudre restent nombreux en Valais. Les rejets de phosphore restent problématiques, en particulier à Viège, et les communes doivent encore faire des efforts pour séparer les eaux claires des réseaux d'égouts.

Selon les conclusions de l'Etat du Valais, le traitement des eaux s'avère satisfaisant pour la quasi-totalité des paramètres analysés en termes de moyennes annuelles. Mais en y regardant de plus près, on constate qu'en 2020, quatre STEP sur cinq sont à l'origine de rejets non-conformes dans la nature, et que divers seuils sont dépassés.

La STEP de Viège dans le phosphore

Une fois nettoyées, les eaux usées valaisannes sont rejetées dans le Rhône puis vers le Léman. Elles doivent donc être épurées au maximum puisque le lac sert de bassin d'eau potable à tout le bassin lémanique.

Le cas du phosphore, qui favorise la croissance des algues et des plantes aquatiques dans les eaux de surface, est particulièrement scruté. La Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) a fixé comme objectif aux usines de l'épurer à 95%. Or, actuellement les stations valaisannes ont un rendement d'épuration du phosphore de 81,2%.

Les chiffres sont principalement plombés par la STEP de Viège, qui ne parvient pas à filtrer les très grosses quantités qui proviennent notamment de Lonza. Le problème est connu et suivi de près par le canton.

Séparer l'eau de pluie

Mais le principal problème constaté en Valais réside dans la séparation des eaux claires. En effet, environ la moitié des eaux usées envoyées actuellement dans les stations municipales viennent de fontaines, sources, pluies ou encore de la fonte des neiges. Or, ces eaux claires surchargent inutilement les STEP, diminuent leur rendement et augmentent donc les coûts d'exploitation.

"La Loi fédérale sur la protection des eaux de 1991 demande que les canalisations d'eaux usées et d'eaux propres soient séparées", explique en conférence de presse Christine Genolet-Leubin, cheffe du Service de l’environnement valaisan. Mais ce changement suppose de rouvrir les routes et d'ajouter un réseau ou de les filtrer. "Des travaux coûteux que la topographie du canton ne rend pas plus faciles", ajoute-t-elle.

À fin 2020, 85% des communes avaient élaboré à cet effet un plan général d'évacuation des eaux allant dans le sens d'une mise en conformité. "Un signal certes réjouissant, mais encore insuffisant", relève le canton.

Pas d'autosuffisance financière

"Nous constatons que les communes ont souvent la volonté d'avancer", selon Christine Genolet-Leubin. Mais le financement des infrastructures nécessaires prend du temps à passer au sein des municipalités. L'investissement se compte en millions et le résultat est souvent "moins visible aux yeux du contribuable que la construction d'une école", illustre-t-elle.

En outre, ces coûts pourraient impliquer une hausse des taxes, les montants facturés aux contribuables valaisans n'assurant souvent pas l'autofinancement du traitement des eaux usées. Et pourtant, cet autofinancement est théoriquement imposé par la loi.

Romain Carrupt/jop/ats

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Impact du semi-confinement

En 2020, le semi-confinement lié à la pandémie de coronavirus et le télétravail qui en a découlé ont redistribué le travail entre les STEP valaisannes. A Zermatt, où le tourisme était en baisse, la quantité d'eaux usées à traiter a chuté de près de 75% par rapport à une année normale.

Les charges des zones périurbaines telles que Riddes ou Collombey-Muraz ont nettement augmenté en raison du télétravail, tandis que celles des villes comme Sion ou Sierre qui attirent les travailleurs ont diminué d’environ 25%, relève le canton. Enfin, les STEP situées à cheval entre ces deux zones (par exemple Chamoson) ont conservé des valeurs stables.

Récupérer le phosphore pour moins en importer

L'importance de bien filtrer le phosphore est double. En Suisse, environ 6000 tonnes de cette substance se retrouvent dans les boues d'épuration et "sont alors perdues", détaille Christine Genolet-Leubin. Or cela correspond à la moitié de la quantité de phosphore importée par année. "Des études sont actuellement menées au niveau suisse pour récupérer cette substance qui est chère et très recherchée", ajoute-t-elle.