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Asclepios 1, une mission spatiale menée sous les Alpes suisses

La cheffe de mission Eleonore Poli et l'étudiant Julien Corsin participent à la mission de simulation de base lunaire Asclepios 1, dans les galeries du barrage du Grimsel. [Keystone - Valentin Flauraud]
Une base lunaire aménagée par des étudiants dans les entrailles des Alpes / 19h30 / 2 min. / le 12 juillet 2021
Plusieurs étudiantes et étudiants passionnés de conquête spatiale vont vivre en autarcie durant huit jours dans une base lunaire... installée sous les Alpes suisses. Une simulation de mission spatiale aux enjeux pourtant bien réels.

Six étudiantes et étudiants suisses et internationaux s'apprêtent à vivre une aventure hors du commun, en participant durant huit jours à une mission lunaire avec pour objectif de conduire plusieurs expériences scientifiques.

Mais pour cette mission baptisée Asclepios 1, nul besoin de fusée: elle se déroule en Suisse, quelque part dans les entrailles des Alpes valaisannes et bernoises. Plus précisément, à 400 mètres sous la surface, dans les galeries d’accès au barrage du Grimsel (BE), où une copie conforme d'une station lunaire a été créée par l'association Space@yourservice de l'EPFL.

La base est équipée d'une cuisine, d'une salle de sport et de lits à étage. Seule la gravité n'a pas pu être reproduite. "Dans la cuisine, on a de quoi faire des pâtes, du riz, des crêpes... On a des menus délicieux créés par une étudiante en nutrition à l’Université de Genève", explique Eléonore Poli, commandante de bord pour cette simulation.

>> Le reportage de Romain Carrupt dans La Matinale :

Les deux étudiants du programme Asclepios 1, une mission spatiale menée sous les Alpes suisses. [Keystone - Valentin Flauraud]Keystone - Valentin Flauraud
Asclepios 1, une mission spatiale menée sous les Alpes suisses / La Matinale / 2 min. / le 13 juillet 2021

Objets de recherches bien réels

Malgré tout, l'équipement est sommaire, car les astronautes sont avant tout là pour travailler. Dans des tentes prévues à cet effet, des expériences seront menées, dont les données vont être utilisées par les universités.

Parmi les objets de recherche, les techniques de filtration des sols, la création de bioplastiques ou encore la mise en place de moyens de communication à longue portée, indispensable pour communiquer avec le centre de contrôle, installé à Guttannen (BE), où 16 autres participantes et participants coordonnent la mission et étudient leurs camarades.

"Les astronautes vont être isolés, on va donc tester l'impact de l'isolement sur leur psychologie, on va aussi tester des expériences liées au traitement des déchets, etc. Donc comment vivre dans une station spatiale durant huit jours", détaille Elfie Roy, cheffe de projet.

Leur rapport de mission sera publié fin août avec l’espoir de faire avancer la recherche spatiale. Il aura fallu deux ans de travail pour imaginer le projet et trouver les 250’000 francs nécessaires à l’organisation de la mission. Aujourd'hui, le rêve est devenu réalité. Et il permettra peut-être à certains participants ou à certaines participantes de tester leur limites, en vue peut-être d'une véritable mission dans les étoiles.

"Simuler une mission avec toutes les procédures"

Claude Nicollier participe à ce projet Asclepios 1 avec ces étudiants de l'EPFL. Interrogé mardi dans La Matinale de la RTS, l'astronaute et astrophysicien a résumé l'intérêt de cette expérience en trois mots: science, éducation et communication.

"L'idée est vraiment de simuler une mission spatiale sans quitter la surface de la Terre, mais avec toutes les procédures, la rigueur, la discipline et la curiosité d'étudier les phénomènes naturels, la physiologie et la psychologie de façon aussi proche que possible d'une véritable mission spatiale", a-t-il expliqué.

>> L'interview de Claude Nicollier dans La Matinale de mardi :

Une simulation d'expédition lunaire dans les Alpes bernoises: interview de Claude Nicollier (vidéo)
Une simulation d'expédition lunaire dans les Alpes bernoises: interview de Claude Nicollier (vidéo) / La Matinale / 7 min. / le 13 juillet 2021

Romain Boisset/jop

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La Suisse, une nation spatiale

Agés de 21 à 32 ans, les astronautes viennent de Suisse, de France, de Grande-Bretagne et du Chili. Ils ont été sélectionnés parmi environ 200 candidats du monde entier, grâce notamment au concours de Claude Nicollier.

En guise de préparation, un entraînement à Crans-Montana a notamment visé "à leur faire tutoyer l'inconfort en les mettant dans des situations difficiles qui pourraient se reproduire dans l'espace", se rappelle Chloé Carrière, présidente de Space @yourservice.

Avec ce projet, Asclepios veut aussi montrer que "la Suisse est une nation spatiale" qui mène de nombreuses recherches ayant pour but le retour sur la Lune ou encore la recherche d'exoplanètes qui pourraient être habitables. "On aimerait aussi montrer l'utilité du spatial, à quel point les technologies qui sont développées pour l'espace peuvent être utilisées sur Terre", conclut Chloé Carrière.

ats