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Covid, vague verte et PDC, les élections communales valaisannes seront scrutées

Les Verts Valais espèrent placer douze de leurs candidats dans des exécutifs communaux au soir du 18 octobre prochain
Les Verts Valais espèrent placer douze de leurs candidats dans des exécutifs communaux au soir du 18 octobre prochain / 19h30 / 2 min. / le 6 octobre 2020
Les Valaisans sont appelés aux urnes cet automne pour renouveler leurs exécutifs communaux et leurs pouvoirs judiciaires. Plusieurs enjeux marquent ces élections, dont la crise sanitaire, la progression des Verts ou l'avenir du PDC actuellement majoritaire dans les communes.

Le 18 octobre, les Valaisans choisiront les membres de l'exécutif et les juges et vice-juges. Le 15 novembre, ce sera au tour de la présidence de l'exécutif et du législatif. Ces élections, qui ont lieu tous les quatre ans, sont marquées cette année par plusieurs enjeux: quel impact par exemple aura la crise sanitaire sur les votes? Les Verts poursuivront-ils la progression débutée lors des élections fédérales d'octobre 2019? Aujourd'hui majoritaire en nombre de sièges communaux occupés, le PDC parviendra t-il à se maintenir? Ces élections joueront le rôle d'indicateur pour les partis politiques, puisque les élections cantonales ont lieu dans six mois, en mars 2021.

Davantage de Verts dans les exécutifs?

Comme ailleurs en Suisse romande, on s'attend à voir les Verts poursuivre sur leur lancée. En Valais, le parti avait obtenu 10,5% des voix aux élections fédérales, contre seulement 0,4% lors des élections communales de 2016. Ils avaient aussi fêté l'élection historique d'un Vert au Conseil national.

A cela s'ajoute la création d'un groupe au Grand Conseil notamment, en 2017: "On peut avoir l'espoir que les Verts valaisans concrétisent leurs victoires relativement récentes sur le plan cantonal ou national aussi sur le plan local", explique Jean-Pascal Fournier, président des Verts. "C'est très important qu'on puisse s'ancrer dans plus de proximité".

Pour l'heure, les Verts n'ont qu'un seul siège dans un exécutif communal valaisan, à Sion. Il est occupé par Marylène Volpi Fournier, qui a repris il y a dix mois le siège de son collègue de parti Christophe Clivaz, élu au Conseil national. A Sion, les Verts présentent 5 candidats, dont leur sortante.

Le parti a déposé des listes dans 18 communes du Valais romand, dont Monthey, Savièse ou encore Sierre, et espèrent faire leur entrée dans d'autres exécutifs: "ça fait quand même maintenant 20 ans que nous avons un discours relativement cohérent et constant sur des thématiques qui sont extrêmement importantes pour le Valais comme l'aménagement du territoire, le tourisme, l'énergie, le changement climatique" appuie Jean-Pascal Fournier. "On sait que les cantons alpins sont très impactés". Une année qui marque aussi leur indépendance: à Martigny par exemple, la liste est déposée pour la première fois en leur nom propre, et signe ainsi la fin de l'alliance de gauche qui unissait les Verts, le PS, le POP et le PCS.

>> Cédric Jordan décrypte la stratégie des Verts Valais dans le 19h30 :

Cédric Jordan décrypte la stratégie des Verts Valais
Cédric Jordan décrypte la stratégie des Verts Valais / 19h30 / 1 min. / le 6 octobre 2020

De quoi inquiéter les partis traditionnels ?

En Valais, le PDC est majoritaire en nombre d'élus communaux, suivis par le PLR. Mais le PDC a perdu des plumes lors des élections fédérales, alors comment voit-il cette potentielle progression des Verts? "Les Verts ne déposent pas de listes partout, mais c'est un peu la grande inconnue", analyse Joachim Rausis, président du PDC Valais romand. "Ils ont fait une percée en 2017 au Grand Conseil, puis il y a eu la vague verte au National, mais vont-ils arriver à avoir un ancrage local fort? C'est ça la différence avec les communales". Pas d'inquiétude particulière donc pour le parti: "J'espère qu'on a été assez bons pour convaincre les gens de voter PDC, c'est aussi la qualité du candidat qui fait la différence".

Du côté du Parti socialiste, on espère maintenir la trentaine de sièges acquis en 2016. Sur les Verts, Barbara Lanthemann, présidente du Parti socialiste du Valais romand considère que la comparaison avec les élections fédérales est délicate, mais imagine bien que leur présence dans plusieurs communes va modifier les rapports de force: "ça va redistribuer les cartes, on verra si cette redistribution profite à la gauche ou nous fera perdre des voix. Dans les petites communes, on aurait préféré garder des listes communes".

Enfin, cette année, il faudra aussi compter avec l'arrivée des Vert'libéraux. Constitués en parti cantonal fin mai, ils lancent neuf candidats dans les communes de Lens, Massongex, Naters, Sierre et Sion.

>> Lire aussi : Les Vert'libéraux en Valais lancent 9 candidats pour les communales

Le dossier des constructions illicites à Bagnes

Lors de ces élections, le PDC devra faire face à des enjeux délicats dans certaines communes. L'image du parti a été malmenée par des affaires, notamment à Bagnes et Collombey-Muraz. Quelles conséquences sur le résultat du parti? A Bagnes, le dossier des constructions illicites à Verbier aura marqué les deux dernières législatures.

>> Lire aussi : Le gouvernement valaisan sévèrement mis en cause dans l'affaire de Verbier

Les déconvenues du parti, jusqu'ici majoritaire, aiguisent les appétits, y compris pour la présidence puisque l'actuel président, le PDC Eloi Rossier, se retire. Le village deviendra, avec Vollèges, la commune de Val de Bagnes en 2021. Résultat: 17 candidats se lancent à l'assaut des 9 sièges de la nouvelle commune. En lice, 5 démocrates-chrétiens, 3 libéraux-radicaux, 5 représentants d'Entremont Autrement et 4 UDC et Indépendants, dont Gabriel Luisier, le "lanceur d'alerte" sur ces affaires, qui retente sa chance.

Sur ce cas précis, le président du PDC Joachim Rausis observe que le risque pour le PDC réside dans cette double inconnue: "il y a un président qui s'en va et la fusion de communes". Il espère que la population fera la part des choses entre le travail effectif des élus et les affaires: "on espère que la future commune de Val de Bagnes puisse se doter d'autorités qui lui permettent de prendre un bon départ".

Barbara Lanthemann, présidente du Parti socialiste du Valais romand, y voit l'opportunité pour les citoyens de changer la donne: "la population valaisanne en a marre des affaires, que ce soit celles du PDC ou du PLR. Le risque d'affaires existe tant qu'il y a une majorité qui tient tout en mains, une commune est mieux dirigée si le pouvoir est partagé."

L'affaire Yannick Buttet à Collombey-Muraz

A Collombey-Muraz, l'élection à l'exécutif permettra de voir si les affaires de harcèlement sexuel de Yannick Buttet auront des conséquences sur le PDC. Jusqu'ici majoritaire, le parti parviendra t-il à se maintenir et garder la présidence?

Président de la commune depuis deux législatures, l'ancien conseiller national renonce à briguer un nouveau mandat. Cette situation redistribue les cartes et les partis comptent bien saisir l'opportunité: une quinzaine de candidates et candidats se sont lancées.

La concurrence est forte pour le PDC qui occupe aujourd'hui 4 sièges sur 7: le PLR et l'UDC visent un second siège, sans compter les Verts et les socialistes qui proposent des listes séparées cette année. Pour Joachim Rausis, "au-delà de la personne, un président qui s'en va, c'est toujours une période d'incertitude. Des candidats se sont annoncés, ça sera très ouvert. Mais je suis persuadé que la liste PDC est excellente, que la section locale peut gagner les élections et qu'une femme PDC peut présider la commune dès 2021". La socialiste Barbara Lanthemann estime pour sa part qu'il "faut ramener du calme, de la sérénité, et là c'est clair, notre candidat a tout à fait une opportunité à jouer".

Elodie Botteron

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550 candidates et candidats

Un total de 550 candidates et candidats se lancent dans la course à l'exécutif dans l'une des 59 communes du Valais romand, pour 178 sièges. Des sièges moins nombreux qu'en 2016, suite à plusieurs fusions ou à la réduction du nombre de membres à l'exécutif. C'est le cas par exemple à Nendaz, ou dans la nouvelle commune de Noble-Contrée, fusion de Venthône, Miège et Veyras dès le 1er janvier, qui aura un exécutif à 7 membres.

22,4% d'élues en 2016

En 2016, 22,4% des élus étaient des femmes. Enjeu important en Valais, la présidence de l'exécutif: aujourd'hui, 8 communes du Valais romand sont présidées par des femmes (Hérémence, Evolène, Grimisuat, Martigny, Martigny-Combe, Vérossaz, Massongex et Vernayaz).

26 élections communales tacites faute de candidat-e-s

Lors des dernières élections en 2016, les électeurs de près d'un quart des communes n'avaient pas voté. Cette année, 26 communes ont vécu des élections tacites, dont Veysonnaz, Bourg-Saint-Pierre et Collonges dans le Valais romand.

Autre exemple à Icogne, où les quatre seuls candidats ont été élus tacitement, mais une élection complémentaire aura lieu puisqu'il reste un siège à pourvoir. Dans le Haut-Valais, aucune liste n'a été déposée dans six communes, n'importe quel citoyen sera donc éligible le 18 octobre.