Officiellement prescrite, l'affaire du petit Luca garde sa part d'ombre
Le doute ne sera probablement jamais levé sur l'agression subie en février 2002 à Veysonnaz (VS) par Luca, aujourd'hui handicapé à vie. A partir de ce vendredi 22 novembre, plus aucun élément nouveau ne pourra rouvrir le dossier.
En effet, le jeune homme fête ses 25 ans, l'âge auquel le droit suisse prévoit la prescription pour certaines infractions commises contre un enfant. Lourdement touché depuis le drame, il vit en Italie avec sa mère et poursuit ses études.
L'affaire laisse un goût amer à la famille, à ses proches et à une partie de l'opinion publique. Dès le début des investigations, le chien de la famille, un berger allemand de sept mois avec qui Luca et son frère Marco étaient partis se promener, est considéré comme le principal protagoniste. Il n'aurait pas attaqué Luca, mais aurait eu avec lui une "interaction excessive et non maîtrisée", selon le professeur Patrice Mangin, alors directeur du Centre universitaire romand de médecine légale de Lausanne.
>> La chronologie des faits:
La thèse n'a pas convaincu
Mais la thèse du chien n'a jamais convaincu, notamment la famille et certains spécialistes des canidés. Même la justice n'a jamais exclu une intervention de tiers dans l'agression dont a été victime l'enfant.
"Lorsque vous êtes 'focus' sur une hypothèse de travail, je peux mettre un éléphant devant vous, vous n'allez pas le voir. Dans d’autres pays, pour des dossiers aussi sensibles, il y a ce qu’on appelle le dépaysement, c’est-à-dire que l'on confie le traitement à un autre juge d’instruction dans une autre région. Le but est d'avoir un regard neuf", explique le premier avocat de la famille Sébastien Fanti dans le 19h30.
En 2011, la commission de justice du Grand Conseil estime dans un rapport que la première phase d'instruction de l'affaire Luca a été "précipitée, menée avec une curiosité insuffisante et une constitution lacunaire du dossier d'instruction".
"La justice a dysfonctionné"
En janvier 2012, lors d'une conférence de presse, Nicola Dubuis, alors procureur général adjoint, indique que les alibis des adolescents suspectés de s'être trouvés sur place au moment des faits ont été contrôlés. Selon lui, rien n'indique leur présence sur les lieux. En revanche, pour le détective privé et ancien inspecteur de police à Genève Fred Reichenbach, les contrôles n'ont pas été sérieusement menés. Dix-sept ans après les faits, il croit toujours dur comme fer à une agression par des adolescents.
"La justice a dysfonctionné. Et à partir d’un certain stade, on ne peut plus revenir en arrière sans perdre la face. Il y a des pistes qui n’ont pas été creusées de manière correcte et qui nous auraient permis en tout cas d’avoir une autre vue sur cette affaire" assure-t-il vendrdi.
Le Ministère public valaisan ne fait aucun commentaire et le dossier sera en l’état vraisemblablement classé. Seuls un soupçon d’abus sexuel ou de délit manqué d’assassinat pourraient relancer l’enquête.
>> Revoir l'émission "Zone d'ombre" consacrée à l'affaire:
ats/vic