La soirée de samedi à dimanche aura marqué la mémoire et les corps de Sylvain et Matthis. Alors qu'ils se trouvaient au bord du lac à Neuchâtel, les deux amis ont été roués de coups par des individus. Parce qu'ils sont homosexuels, affirment-ils.
Insultes, course-poursuite et coups: l'agression a duré cinq minutes. Bilan pour les deux jeunes hommes: traumatisme crânien, perte de connaissance, dents cassées, contusions et bleus.
"L'homophobie en 2018, ce sont nos visages écrasés au sol. (...) Nous sommes en 2018 et nous avons pourtant dû affronter la même horreur qu'un nombre incalculable d'homosexuels depuis la nuit des temps", a écrit Sylvain dans un post publié lundi, photos à l'appui:
Plus de 1300 partages sur Facebook
La police confirme l'agression, mais refuse de se prononcer sur son caractère homophobe. Reste que, sur le réseau social, le témoignage a ému. Il a été partagé à plus de 1300 reprises et a suscité des centaines de commentaires.
"Je ne trouve pas de mots pour qualifier cette horreur", a réagi une internaute. "Je suis choquée, ça me fait mal pour vous... Je vous envoie beaucoup de courage", a écrit une autre.
Pour Matthis, cette publication sur le web représentait le seul moyen de dénoncer l'agression homophobe. "Le but de notre intervention n'est pas d'attiser la haine contre ces gens, mais plutôt de défendre notre cause", explique l'étudiant dans le 19h30.
"Je n'ai pas honte de mettre cela en mon nom, je n'ai pas honte de mettre mon visage, celui de Matthis", ajoute Sylvain. "Je veux que ceux qui aient honte soient ceux qui tabassent, qui pensent que leurs poings valent mieux que des valeurs." Soit un cri d'alarme pour pouvoir rester libres.
Elodie Botteron/tmun
Version des faits contestée
Les deux individus dénoncés par Matthis et Sylvain contestent la version des faits. Selon eux, l'altercation n'avait rien d'homophobe et répondait à une provocation des deux amis. "C'est de la diffamation, ils cherchent juste à faire le buzz avec leur poste Facebook", a déclaré à la RTS l'un d'eux.
Matthis et Sylvain ont déposé plainte mercredi pour voie de fait auprès de la police neuchâteloise. Une enquête a été ouverte.
Deux agressions contre la communauté LGBT chaque semaine
En Suisse, au moins deux agressions verbales ou physiques contre la communauté LGBT ont lieu chaque semaine, selon un rapport publié en mai dernier par la helpline LGBT+. Seules 19% sont rapportées à la police.
Selon les organisations de défense LGBT, sans remplacer une plainte, les réseaux sociaux sont utiles pour lutter contre l'homophobie. "La loi en tant que telle n'incrimine pas l'homophobie, elle incrimine soit la lésion corporelle ou l'insulte", rappelle Michel Tschank du comité Pink Cross.