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Champion de catch et docteur en latin, rencontre avec Elias Richter

Consciencieux docteur en latin, Elias Richter se galvanise sur scène en tant que catcheur professionnel. Portrait
Consciencieux docteur en latin, Elias Richter se galvanise sur scène en tant que catcheur professionnel. Portrait / Couleurs locales / 2 min. / le 23 mai 2023
Docteur en latin le jour, catcheur le soir. Et dans les deux cas, un enseignant. Couleurs Locales a rencontré Elias Richter, le lutteur cartésien qui veut assurer la relève de son sport dans le canton de Neuchâtel.

"Elias, Elias, Elias", scande la foule lorsque le champion suisse de catch fait son entrée sur scène, torse nu, slip rouge et bottes montantes, lors du premier tournoi organisé dans son fief de Neuchâtel, le 1er avril 2023. Lors de la finale, il fait face au colosse soleurois Drake Destroyer. Les deux adversaires mordront tour à tour la poussière.

"Sans le public, je n'aurais pas réussi, mais voilà, c’est moi qui ai gagné", déclare, essoufflé, Elias Richter après sa victoire. "Ça s’est joué à pas grand-chose!", ajoute-t-il. Dans le public en folie, des élèves sont venus encourager leur enseignant de latin.

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"Lutte gréco-romaine"

L'ambiance est nettement plus calme lors de l'un de ses cours à l'Université de Neuchâtel. L'enseignant évoque sur un ton sérieux le développement de l'épigramme, passé de simple inscription, sur les tombeaux par exemple, à genre littéraire à part entière.

"J'ai d'abord rencontré le catcheur avant de rencontrer le prof", raconte l'une de ses étudiantes. "J’étais allée à Lausanne voir du catch. Un semestre plus tard, c’était mon prof latin. Donc j’ai vu monsieur Richter en slip avant de le voir en costume, c’était un peu spécial", sourit la jeune femme.

Elias Richter et Drake Destroyer s'affrontent lors de la finale du premier tournoi de catch en terres neuchâteloises, le 1er avril 2023. [RTS]

"Il y a quelque chose dans le catch qui rappelle la lutte gréco-romaine. C’est (Roland) Barthes qui en parlait et là il s’y retrouve complètement", avance un étudiant.

"En Suisse, on n'a pas le coté trash de ce qui se fait aux Etats-Unis", explique Elias Richter. "On est dans un sport de combat, finalement. Et dans ce contexte-là, je me sens à ma place en faisant du catch. Ce n'est pas quelque chose que je vais cacher, en me disant que j'ai honte d'en faire."

Création d'une école

Sur scène, Elias Richter ne fait pas dans la demi-mesure pour galvaniser le public. [RTS]

Le latiniste a commencé à pratiquer le catch à l’aube de ses 30 ans. Afin de le démocratiser, il a récemment ouvert l'Association Neuchâtel Catch Wrestling (ANCW), la première école de catch neuchâteloise, avec son ami Maxime Delorais.

Lors d'un entraînement, les deux compères expliquent à leurs élèves comment retourner un adversaire grâce à une prise par le cou.

"C'est quelqu'un de très humble et on oublie qu’il est docteur quand il est avec nous", dit Maxime Delorais à propos d'Elias Richter. "Durant la lutte, il va aller plus lentement et n'est pas forcément explosif. Il va réfléchir au mouvement qu’il fait et souvent à celui qu’il fera après. Ce côté docteur Richter, ça lui fait du bien sur le ring."

Plutôt introverti à la ville, Elias Richter fait son show sur scène, pour le plus grand plaisir de ses fans. Il espère créer des vocations pour assurer la relève.

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Juliette Jeannet et Léa Jelmini

Adaptation web: ami

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