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Le centre d'asile de Boudry sous pression face à l’afflux de migrants

Les centres d'accueil fédéraux sont sous pression en Suisse
Les centres d'accueil fédéraux sont sous pression en Suisse / Forum / 2 min. / le 21 octobre 2022
La situation se complique dans les centres fédéraux d'asile suisses face à l'arrivée continue de migrants. A Neuchâtel, plus de 900 personnes sont hébergées dans le centre de Boudry, dont les capacités ont déjà été augmentées à près de 700 places, a appris la RTS. Cette surpopulation a des conséquences sur les conditions de vie et l'encadrement des requérants d'asile.

Le centre fédéral d'asile de Boudry, à Neuchâtel, est le plus grand de Suisse. Il constitue le premier lieu d'accueil des migrants et migrantes pour la Romandie. Sa capacité en temps normal est de 480 places, récemment augmenté à 680 grâce à la location d'un bâtiment attenant au complexe.

Mais face aux arrivées qui ne cessent d'augmenter, le centre fédéral n'arrive plus à suivre. Un des réfectoires et plusieurs salles de réunion sont désormais aménagés en dortoirs chaque soir. Certains migrants ont déjà dû dormir à même le sol, faute de matelas, et il n'y a plus assez de vêtements à distribuer, rapportent plusieurs sources.

"En principe, chaque demandeur d'asile dispose d'un matelas", réagit un des porte-paroles du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). "Mais nous n'excluons pas des exceptions à cette règle pendant une courte période, le temps que les équipes s'organisent. Quant aux vêtements, nous avons lancé un appel aux dons."

Une prise en charge médicale défaillante

En outre, si les contrôles sanitaires à l'arrivée semblent assurés, un suivi adéquat, notamment des cas graves ou des maladies chroniques, ne serait pas toujours possible. Selon des sources sur place, il est également compliqué d'obtenir un rendez-vous psychologique rapidement.

"Les soins médicaux sont assurés à tout moment. Si quelqu'un a un problème médical aigu, il est amené à l'hôpital ou chez un médecin", réfute Daniel Bach, chef de la communication du SEM, vendredi dans Forum. L'autorité fédérale est toutefois à la recherche de personnel de santé, une cinquantaine de personnes, dans tous les centres fédéraux d'asile, concède le porte-parole.

Dans le centre d'asile de Boudry, deux infirmière supplémentaires viennent d'être recrutées, au moment où sévit une épidémie de gale, notamment parmi les mineurs non accompagnés (MNA).

Du nouveau personnel recherché

L'encadrement des quelque 300 MNA de Boudry est par ailleurs source d'inquiétudes. Selon les normes en vigueur, celui-ci n'est plus assuré, ce qui inquiète l'Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), qui a appelé au micro de la RTS le Secrétariat d'Etat aux migrations à résoudre ce problème rapidement. Le SEM cherche actuellement à recruter pas moins de 10 éducatrices et éducateurs sociaux.

En attendant, l'autorité fédérale a indiqué à la RTS mettre l'accent sur les 14-15 ans. Les mineurs plus âgés seraient donc en partie livrés à eux-mêmes. Or, certains de ces jeunes migrants de 16 à 18 ans sont impliqués dans des bagarres. La police neuchâteloise a dû intervenir en moyenne une fois par semaine dans le centre ces derniers mois.

Les solutions envisagées pour pallier le problème de la surpopulation se résument pour l'instant à trouver davantage de places et recruter du personnel. Pour la Suisse romande, le SEM a loué les halles sportives des casernes militaires de Bure (JU) et de Chamblon (VD), ainsi que le cantonnement militaire très isolé des Rochats (VD). Mais les quelque 600 lits de ces bâtiments militaires sont eux aussi tous occupés.

De nouvelles solutions sont aujourd'hui à l'étude. Pour tous ces nouveaux sites, du personnel est nécessaire pour l'encadrement, la sécurité et la santé. Le SEM recherche environ 300 collaboratrices et collaborateurs supplémentaires pour l’ensemble des sites dont il a la responsabilité.

Marc Menichini/iar

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