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Une suspicion d'intoxications au GHB à Neuchâtel montre la difficulté à le détecter

Comment déceler les contaminations au GHB? (vidéo)
Comment déceler les contaminations au GHB? (vidéo) / Forum / 7 min. / le 24 mai 2022
A Neuchâtel, une fête d'étudiants et d'étudiantes de l'université, qui a réuni quelque 500 jeunes fêtards samedi, a nécessité une intervention de la police, avertie de possibles intoxications au GHB. Faute de dépistage positif, aucune procédure n'a été entamée.

Durant la soirée de samedi à l'Université de Neuchâtel, sept jeunes femmes se sont senties mal et ont dû se rendre à l'infirmerie. Toutes présentaient les mêmes symptômes: des maux de ventre importants, des vomissements, des difficultés d'élocution et une température corporelle basse.

Les sept étudiantes n'appartenaient pas au même groupe d'amis et se sont présentées à l'infirmerie en l'espace d'environ une heure. La police a été avertie par l'organisateur de la soirée. Sur place, les agents n'ont constaté aucune agression ou vol, et aucune personne n'a été retrouvée dans des circonstances laissant supposer une agression.

Il n'existe donc pas de mobile déterminé. La police conclut que les symptômes des jeunes femmes s'expliquent par le taux d'alcoolémie, la foule et la température. La journée de samedi a été très chaude et la fête s'est déroulée à l'intérieur.

Un coût financier qui rebute

Bien qu'il l'ait été par le passé, notamment lors de la vague d'inquiétudes de l'automne et de l'hiver derniers, le dépistage du GHB, la "drogue du violeur", n'est pas systématique. Le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) a toutefois facilité l'accès à la procédure: depuis janvier, un dépistage est accordé automatiquement à la personne qui le demande, à condition que celle-ci prenne en charge à ses frais le coût de l'analyse, qui s'élève à 69 francs.

> Lire à ce sujet: Nouvelle procédure à Neuchâtel en cas de soupçons d'utilisation de GHB

Samedi dernier, la police a invité les sept jeunes femmes à se rendre à l'hôpital pour des prélèvements. Dans le cas d'intoxication au GHB, les analyses doivent être réalisées rapidement. Après 6 à 8 heures, les traces de substances disparaissent.

Aucune des étudiantes ne semble avoir entamé de démarche médicale. Au moins deux d'entre elles ont été rebutées par l'aspect financier. La police a contacté les jeunes femmes le lendemain, et au final, aucune procédure pénale n'a été ouverte.

Pour le directeur du laboratoire de toxicologie du Centre universitaire romand de médecine légale Marc Augsburger, invité mardi dans Forum, "ce n'est pas impossible qu'il y ait un peu de psychose" autour du GHB. Cette drogue et ses effets sont méconnus, estime-t-il. Le dépistage n'est d'ailleurs pas nécessairement la solution, selon le directeur, qui préconise plutôt la prévention dans les milieux festifs afin que "les gens se sentent à l'aise et non apeurés d'aller en soirée".

Un "faux problème"

Pour l'organisateur de la soirée, il s'agit d'un "faux problème". "Il n'y a pas eu de GHB samedi soir", tranche-t-il. De son côté, la police neuchâteloise est moins affirmative, mais tire un constat similaire: si les victimes présumées ne se font pas dépister, c'est un statu quo.

De quoi rappeler le message véhiculé notamment par les milieux de la prévention sur l'importance d'un dépistage en cas de suspicion d'intoxications. Les proches et les accompagnants ont également un rôle clé à jouer dans ces moments.

A Lausanne, une analyse urinaire peut être demandée pour une vingtaine de francs pour retrouver des traces de GHB. En moyenne par week-end, deux demandes sont effectuées, mais les résultats ne sont jamais revenus positifs. La drogue pose des problèmes aux services d'urgences médicales, car elle est très difficile à détecter.

>> Lire aussi : La détection du GHB dans le corps humain est très difficile

Mais beaucoup de voix rappellent aussi que d'autres substances, tels que la drogue, l'alcool et les médicaments, peuvent provoquer les mêmes symptômes. "Dans ces situations, on va d'emblée accuser le GHB, mais il peut y avoir en réalité plein d'autres choses" qui entrent en compte, a également souligné Marc Augsburger.

Sujet radio: Deborah Sohlbank

Propos recueillis par Esther Coquoz/iar

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