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La première grande zone piétonne de Suisse fête ses 40 ans à Neuchâtel

Après 40 ans de développement, les zones piétonnes gagnent encore du terrain dans les villes suisses.
Après 40 ans de développement, les zones piétonnes gagnent encore du terrain dans les villes suisses. / 19h30 / 2 min. / le 6 juin 2019
La ville de Neuchâtel fête cette année les 40 ans de sa zone piétonne, un exemple d'espace urbain qui s'est depuis répandu et développé partout en Suisse, mais qui subit aussi l'essoufflement du commerce.

"Il y a quarante ans, la ville était envahie par les voitures, il fallait changer ce paradigme et l'ouvrir aux piétons, l'aménager en conséquence", se souvient jeudi dans le 19h30 Claude Frey, ancien conseiller communal et instigateur de la première zone piétonne suisse étendue sur plusieurs rues, dont l'inauguration a eu lieu à Neuchâtel le 25 mai 1979.

Une transformation qui ne s'est pas faite sans heurts. Claude Frey a reçu des appels anonymes et la colère des commerçants. "Ils se sont opposés parce qu'ils craignaient pour leur chiffre d'affaires", explique-t-il. "Certains disaient que deux places de parc supprimées, c’est une vendeuse au chômage. C'était un peu simpliste. La suite a montré que leur chiffre augmentait."

La tentation des achats en ligne

Exempts de voitures, ces espaces plus conviviaux souffrent aujourd'hui d'un commerce en berne. "Les consommateurs sont toujours plus sensibles à la question du temps", explique Nicolas Babey, directeur de l'Institut du management des villes et du territoire de la HE-Arc à Neuchâtel. "Si vous vous dites que vous n'avez pas le temps d’aller en ville car il y aura des embouteillages, il y a la tentation d’acheter sur internet."

Les zones piétonnes restent un poumon économique, un lieu symbolique et créateur de lien social très important.

Nicolas Babey, directeur de l'Institut du management des villes et du territoire de la HE-Arc à Neuchâtel

Pour cet expert, la solution est de faire gagner du temps aux clients. "Il faut changer certaines conditions cadres, notamment les horaires d’ouverture et également réfléchir à une mixité dans certains secteurs d’activité. Je pense notamment à la restauration, pourquoi ne pas la mélanger au commerce de détail ?" Des solutions à mettre en place en plus du transfert du trafic pendulaire vers les transports en commun ou la mobilité douce selon lui.

Le succès des zones de rencontre

En 2003, Sion a par exemple choisi le compromis en créant sur la Place du Midi sa première zone de rencontre: un espace prioritaire aux piétons où les voitures roulent au pas. Un hybride qui a payé. "Les gens ont tout de suite mordu à l’hameçon", témoigne une patronne de bar. "Ils aiment voir le monde en passant en voiture ou depuis la terrasse. Et le monde amène le monde".

Sion prévoit la transformation d’autres routes en espaces de rencontre. De leur côté, Genève, Lausanne et Fribourg prévoient l'extension de leurs zones piétonnes. "Elles restent un poumon économique, un lieu symbolique et créateur de lien social très important. Dans toutes les villes, les habitants y sont attachés", conclut Nicolas Babey.

>> Les précisions de Léa Jelmini dans le 19h30 :

Léa Jelmini: "Aujourd'hui, les zones piétonnes sont des lieux importants pour le tourisme mais aussi pour les habitants."
Léa Jelmini: "Aujourd'hui, les zones piétonnes sont des lieux importants pour le tourisme mais aussi pour les habitants." / 19h30 / 58 sec. / le 6 juin 2019

Léa Jelmini/ani

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