Le jeu des alliances pourrait bouleverser la composition de la députation jurassienne

LA COMPOSITION ACTUELLE DE LA DÉPUTATION JURASSIENNE

• Conseil des Etats: 1 CENTRE, 1 PS

• Conseil national: 1 PS, 1 CENTRE

Depuis douze ans, soit trois législatures, le Parti socialiste et le PDC, désormais devenu Le Centre, règnent en maîtres sur la représentation jurassienne à Berne. Au Conseil des Etats, les deux partis se partagent même les deux sièges depuis... 1995. Soit plus de la moitié de l'existence du canton.

En 2019, les deux sièges jurassiens au Conseil national avaient été réattribués aux sortants Pierre-Alain Fridez (PS) et Jean-Paul Gschwind (PDC), avec une avance confortable sur leurs adversaires.

Au Conseil des Etats, les deux fauteuils avaient été tranquillement conquis par des figures de la vie politique du canton, Elisabeth Baume-Schneider et Charles Juillard. Passés l'une comme l'autre par le poste de ministre au sein du Gouvernement jurassien, la socialiste (2002-2015) et le démocrate-chrétien (2007-2019) faisaient figure d'immenses favoris.

Depuis l'élection d'Elisabeth Baume-Schneider au Conseil fédéral le 7 décembre 2023, c'est Mathilde Crevoisier Crelier, deuxième sur la liste en 2019, qui représente le Parti socialiste jurassien au Conseil des Etats.

>> Retour sur ce qu'il s'était passé en 2019 : dans le canton du Jura

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LES PRINCIPAUX POINTS D'INTERET POUR 2023

L'alliance entre le PLR et l'UDC pourrait bouleverser la députation jurassienne sous la Coupole fédérale, en premier lieu au Conseil des Etats. Le Centre et le PS pourraient voir leur hégémonie brisée comme lors du dernier rapprochement entre les deux partis de droite en 2007, quand l'UDC Dominique Baettig avait été élu à la surprise générale au National. Ce résultat obtenu au détriment du PDC, qui a avait alors perdu son siège, était aussi resté en travers de la gorge du PLR.

A gauche, les cartes pourraient aussi être redistribuées. En 2019, malgré la "vague verte" qui avait marqué le pays, la section jurassienne des Vert-e-s n'était pas parvenue à décrocher de siège à Berne. Cette année, le parti écologiste a souhaité jouer, lui aussi, le jeu des alliances pour porter l'une de ses personnalités phares au niveau fédéral. Il a formulé une proposition en ce sens au PS, qui l'a cependant déclinée.

Un autre point d'intérêt réside dans les personnalités qui seront en lice pour le Conseil des Etats. Fait rare, deux ministres en fonction se sont portés candidats, à savoir la socialiste Nathalie Barthoulot et le PLR Jacques Gerber. Ils affronteront notamment les deux sortants, en l'occurrence Charles Juillard (Centre), également ancien ministre, et la socialiste Mathilde Crevoisier Crelier.

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CONSEIL DES ÉTATS: LES ENJEUX

La course aux deux sièges s'annonce très disputée avec des personnalités de premier plan. Le Parti socialiste présente un ticket féminin solide pour conserver son mandat. Figure bien connue dans le Jura siégeant au Gouvernement depuis 2016, l'actuelle ministre de l'Intérieur Nathalie Barthoulot se présente pour la première fois à l'échelon fédéral. Elle est accompagnée par la sortante Mathilde Crevoisier Crelier, qui siège depuis début 2023 après avoir remplacé Elisabeth Baume-Schneider. Bien connue à Porrentruy, où elle a été conseillère de ville de 2013 à 2022 puis conseillère municipale jusqu'à son accession à la Chambre des cantons, elle a été candidate en 2015 puis en 2020, mais elle a échoué par deux fois à se faire élire au Parlement jurassien.

Au Centre, l'autre sortant Charles Juillard est aussi sur les rangs. Le vice-président du parti au niveau fédéral, qui bénéficie d'une aura incontestable dans le canton, siège à la Chambre des cantons depuis 2019. Il est accompagné par François Monin, député originaire de Glovelier et directeur d'AgriJura.

Souhaitant briser cette représentation de centre-gauche, le PLR et l'UDC ont décidé d'unir leurs destins cet automne et ils présentent une liste commune. Les libéraux-radicaux envoient dans l'arène leur actuel ministre de l'Economie et de la Santé Jacques Gerber, très en vue durant la crise du Covid, alors que l'UDC mise sur l'ancien président du parti et ancien député Thomas Stettler. Les deux partis ambitionnent de conquérir au moins un siège, si ce n'est deux.

De leur côté, Les Vert-e-s n'ont lancé qu'une seule candidate, Pauline Godat, qui est co-présidente de la section cantonale. Ils avaient soumis une proposition de liste commune aux socialistes, qui l'ont rejetée lors de leur Congrès en mai.

Au total, onze candidatures ont été présentées sur six listes, contre huit en 2019. Si la gauche de la gauche a renoncé à cette élection, les Vert'libéraux ont pour leur part lancé deux personnes dans la course, Paul Monnerat et Ismaël Vuillaume.

HelvEthica, un mouvement né durant la pandémie et opposé aux mesures sanitaires, a aussi déposé une liste quelques heures avant l'expiration du délai avec deux noms: Pascal Prince et Alec André Schärer.

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CONSEIL NATIONAL: LES ENJEUX

Un total de 34 personnes sont en lice pour le Conseil national et elles se répartissent sur 17 listes.

Du côté du Parti socialiste, l'actuel conseiller national Pierre-Alain Fridez, qui siège au National depuis 2011, a demandé et obtenu une dérogation de la part de son parti pour briguer un quatrième mandat à Berne. La section cantonale a logiquement investi le médecin de Fontenais aux côtés du député Loïc Dobler, soit le même ticket qu'en 2019, ainsi qu'une liste jeunes composée de Zoé Seuret et Léo Beuret.

Avec cette candidature, le parti entend mettre toutes les chances de son côté pour conserver son siège: il y a quatre ans, l'Ajoulot avait terminé largement en tête de l'élection au Conseil national avec près de 6500 votes, contre un peu plus de 4600 pour Jean-Paul Gschwind, 2e.

De son côté, Jean-Paul Gschwind, qui siège également depuis 2011, ne brigue pas de nouveau mandat. Pour conserver son mandat, le Centre compte sur quatre candidatures issues du groupe parlementaire: un binôme mixte composé d'Anne Froidevaux et Gauthier Corbat et un autre 100% féminin avec Amélie Brahier et Magali Voillat. A cela s'ajoute une liste jeunes avec Clément Piquerez et Aubin Montavon.

A droite, le PLR et l'UDC présentent des listes apparentées réunies sous la bannière "Ensemble", avec des campagnes distinctes mais complémentaires. Les libéraux-radicaux ont désigné Irène Donzé, Yann Rufer, Anne Sulliger, Anaël Lovis, Maëlle Wenger et Nicolas Kocher, qui sont répartis sur trois listes. L'UDC a elle choisi six candidats répartis sur trois listes: Miriam Moser, Romain Schaer, Michel Lando, Thomas Stettler, Nadine Zmoos et Loïc Guerne.

Les Verts misent quant à eux sur leurs locomotives, Pauline Godat et Céline Robert-Charrue Linder, deux figures politiques bien connues dans la région. Ils présenteront également une liste jeunes avec Sophie Burri et Gaëtan Marchand. Les deux listes écologistes sont apparentées aux deux listes socialistes.

Les Vert'libéraux misent eux sur le député suppléant Ismaël Vuillaume et sur l'informaticien Morgan Chételat, ainsi que sur une liste jeunes composée de Morgan Chételat et Ludovic André.

Apparentés au Centre, les Socio-Chrétiens (PEV) lancent Philippe Siraut et Frédéric Nicolet. Le mouvement HelvEthica présente lui les deux mêmes candidats que pour le Conseil des Etats, à savoir Pascal Prince et Alec André Schärer.

Pierrik Jordan