L'office des poursuites représente une épine dans le pied de l'Etat de Genève depuis près de 16 ans, mais c'est l'ampleur des dysfonctionnements rapportés qui frappe aujourd'hui. Ces derniers figurent dans l'enquête de deux députés issus d'une sous-commission de la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil.
En matière de ressources humaines, le rapport constate une ambiance délétère dans les services, un manque de formation continue et un absentéisme qui avoisine les 10%. Des cas potentiels de harcèlement, de vol ou de corruption sont également évoqués.
Des millions de francs bloqués
Le changement de système informatique, lui, a généré des doublons et près de 14'000 faux débiteurs. Le nouveau logiciel a eu pour conséquence des retards accumulés dans le traitement des affaires, provoquant stress et frustration chez les collaborateurs.
La commission de contrôle de gestion dénonce les effets économiques et humains tant pour les créanciers ou les débiteurs que pour l'Etat. Plusieurs dizaines de millions de francs seraient bloqués par des dossiers qui n'ont pas été bouclés. La commission annonce avoir saisi lundi la Cour des comptes et le service d'audit interne pour approfondir ses conclusions.
Erreurs et rumeurs, selon l'Etat
Le Département des finances et son magistrat Serge Dal Busco, de leur côté, ont contesté dans un communiqué l'objectivité du rapport, qui contiendrait de nombreuses erreurs. Le département déplore notamment "que le rapport (...) comporte des erreurs et des assertions qui relèvent plus de la rumeur que de faits vérifiables."
Le ministre genevois des Finances s'est montré très remonté lors d'une conférence de presse. S'il a admis une part des conclusions du rapport, Serge Dal Busco a vertement critiqué la méthode employée.
Les difficultés à l'office datent de plus de 15 ans, a relevé dans Forum Serge Dal Busco. Depuis que la commission a fait son travail, une grande partie des recommandations a été mise en place.
Cédric Guigon/oang