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"Les entreprises genevoises ne jouent pas le jeu de la préférence indigène"

Mauro Poggia, conseiller d’Etat GE en charge des affaires sociales et de la santé [keystone]
Les entreprises genevoises ne jouent pas le jeu de la préférence indigène / Le Journal du matin / 2 min. / le 30 décembre 2016
Le canton de Genève dresse un bilan mitigé du principe de la préférence indigène, qu'il cherche à appliquer depuis trois ans. Pour le ministre de l'Emploi Mauro Poggia, la faute va aux entreprises, "qui ne jouent pas le jeu".

Il y a trois ans, le ministre Mauro Poggia, en charge de l'Emploi, annonçait qu'il allait encourager les entreprises à annoncer leurs postes vacants à l'Office cantonal de l'emploi, pour qu'elles favorisent les chômeurs résidents - suivant ainsi l'exemple de l'administration et du secteur subventionné.

Mais depuis, le chômage stagne, de même que le nombre global d'emplois offerts par l'économie genevoise. En revanche, entre début 2014 et fin 2016, le nombre des permis frontaliers est passé d'environ 88'000 à 104'000, soit une augmentation de 20% sur trois ans.

Responsabilité sociale vs intérêt à court terme

Pour Mauro Poggia, le constat est amer. "Il y a toujours une grande majorité d'entreprises genevoises qui n'ont pas compris, qui ne jouent pas le jeu, qui n'annoncent pas leurs postes vacants à l'Office cantonal de l'emploi", déplore le ministre genevois.

Selon le conseiller d'Etat, ces faits ne signifient toutefois pas un échec de la politique en place. "C'est simplement que cette politique bute contre les intérêts économiques de nos entreprises qui, entre responsabilité sociale et intérêt à court terme, préfèrent le second."

"Atteinte au tissu social"

Et d'en appeler à un électrochoc - sans quoi les milieux économiques pourraient bien s'en mordre les doigts.

"Notre économie semble avoir conservé l'arrogance qu'elle avait avant la votation du 9 février", fustige le ministre, qui voit dans l'embauche massive de travailleurs européens une atteinte au "tissu social helvétique", et s'inquiète d'une contre-réaction du peuple lors d'une potentielle votation. Si les Suisses sont appelés à s’exprimer sur une suppression de la libre-circulation, "ce sera un oui massif".

L'application du 9 février, une "coquille vide"

Quant à la solution qui vient d'être adoptée par les Chambres fédérales pour donner la priorité à la main-d’œuvre résidente, elle est, selon le ministre genevois, une "coquille vide".

Les milieux économiques genevois, eux, contestent ces reproches et estiment que la prise de conscience des entreprises a déjà eu lieu. Ils continuent d’affirmer que certaines compétences ne se trouvent pas sur le marché du travail indigène.

Prise de conscience

"Depuis deux ans, on en parle beaucoup plus, c'est devenu un sujet, il y a une prise de conscience dans un certain nombre d'entreprises", affirme Charles Lassauce, membre de la direction de la Chambre de commerce et d'industrie de Genève.

>> Son interview dans le Journal du matin :

La Genève internationale. [Laurent Gilliéron]Laurent Gilliéron
Des reproches contestés par les milieux économiques / Le Journal du matin / 1 min. / le 30 décembre 2016

"Monsieur Poggia dit que nombreuses sont les entreprises qui ne jouent pas le jeu. Je dirais au contraire que nombreuses sont celles qui jouent le jeu."

Mathieu Cupelin/kkub

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