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Le HCR délocalise 60 emplois de Genève en Jordanie

Le siège du HCR à Genève [Donald Stampfli]
Le siège du HCR à Genève compte désormais 700 employés. - [Donald Stampfli]
Nouveau coup dur pour la Genève internationale. Le Haut-Commissariat aux réfugiés a délocalisé sa division des technologies et de l’informatique - qui compte 60 employés - à Amman, en Jordanie, a appris la RTS jeudi.

Un service entier du siège genevois du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a été délocalisé cet été à Amman, capitale de la Jordanie. Avec la fermeture de sa division des technologies et de l'informatique, le HCR est passé de 760 à 700 employés à Genève, soit une baisse d'environ 10%. La décision est motivée par la volonté de se rapprocher du Moyen-Orient et de l’Afrique, mais aussi par la cherté de la vie en Suisse et le besoin de faire des économies.

Un fonctionnaire est "30% plus cher à Genève"

Selon Shelly Pitterman, directeur des ressources humaines au HCR, "à Genève le coût du personnel est plus élevé qu'ailleurs. Un fonctionnaire moyen coûte 30% plus cher à Genève qu'à Amman. Il fallait prendre ça en considération."

Pour l'organisation onusienne qui s'occupe des réfugiés, il est important de faire "maigrir" le siège genevois au profit des opérations sur le terrain. "Nous avons un budget de 4 milliards de dollars, et il n'est financé qu'à 50%. Donc chaque dollar compte, et dans la mesure où c'est possible d'épargner, on le fera", affirme Shelly Pitterman.

En 2006, le HCR comptait encore 1040 employés à Genève. Mais en 2008, pour des raisons économiques, l'organisation avait délocalisé une importante partie de ses services administratifs à Budapest, où la gratuité des locaux a été offerte pendant dix ans.

Une concurrence de plus en plus vive

Si l'organisation assure ne pas avoir l'intention de quitter complètement Genève, cette nouvelle délocalisation a de quoi inquiéter les autorités. La place de la Genève internationale, que certains considéraient comme acquise, est de plus en plus menacée par les villes concurrentes.

Et le franc fort y est pour beaucoup: la Communion mondiale d'Eglises réformées a annoncé lundi qu'elle déplacerait son siège de Genève à Hanovre pour cette raison, coûtant une petite dizaine d’emplois à la région lémanique.

Autre échec récent de la Genève internationale: le secrétariat du Fonds vert sur le climat, que la Suisse voulait accueillir, a préféré s'installer en Corée du Sud. Selon le magistrat Pierre Maudet, ministre de tutelle de la Genève internationale, "il y a lieu de considérer que rien n'est jamais acquis. Et tous ces signaux négatifs nous montrent que la situation nécessite un fort investissement du canton. Même si des signaux positifs ont aussi été émis, avec notamment l'extension de l'Organisation mondiale de la protection intellectuelle (OMPI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)."

Cynthia Gani/jzim

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"Un milliard pour la Genève internationale"

Inquiété par la situation, le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) déposera une motion à Berne pour sensibiliser la Confédération. "Il y a aujourd'hui lieu de s’inquiéter, car on ne sait pas quels sont les moyens que la Suisse et le canton veulent mettre à disposition pour maintenir la Genève internationale."

Pour remédier à ce flou, il déposera lors de la session parlementaire de décembre une motion qui demande au Conseil fédéral de présenter un crédit cadre pour la Genève internationale.

Le montant devrait avoisiner un milliard, selon Carlo Sommaruga: "Pour les Jeux olympiques de 2022 à Saint-Moritz (GR), le Conseil fédéral est prêt à couvrir un découvert d'un milliard de francs, donc on pourrait imaginer un crédit cadre d’un montant similaire, et ceci sur une durée indéterminée de dix ou quinze ans."