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A Genève, un dortoir accueillera les personnes consommatrices de drogue

Le local d'injection et de consommation de drogues de Genève "Quai 9". [Keystone - Martial Trezzini]
A Genève, un dortoir accueillera les personnes consommatrices de drogue / La Matinale / 1 min. / le 2 février 2023
Tout proche de la gare de Genève, un "sleep-in" de fortune accueillera les usagers et usagères de drogue. L’association Quai 9 espère ainsi faire diminuer la consommation.

La journée, le Quai 9 est un local d’accueil où la consommation de drogue est encadrée. La nuit, tables et chaises laisseront désormais place à douze lits de camp. Les plus précaires pourront ainsi se reposer, tout en ayant accès à des sanitaires et, plus important, à la salle d’injection ou d’inhalation.

L’association Première Ligne a décidé d’installer ce dortoir au sein même de son petit local, faute d’une alternative pour les consommateurs et consommatrices. "C’est un des gros manques dans le tissu pour les personnes précaires à Genève", déplore Thomas Herquel, directeur de Première Ligne. "Il y a passablement de places d’hébergement d’urgence ouvertes, mais la consommation y est rigoureusement interdite."

Et de citer des exemples de personnes qui se sont fait prendre avec du matériel de consommation et qui se sont fait exclure.

Pour le crack, mais pas que

Ce nouvel accueil nocturne est destiné à tout type d'usagers et d'usagères. Actuellement, ce sont surtout les fumeurs de cracks qui font parler d’eux dans le quartier des Grottes, où se trouve le Quai 9. Les riverains dénoncent incivilités et agressivité.

Mais ce n’est pas pour cacher ces consommateurs que le sleep-in a vu le jour, même si la baisse de tension avec le voisinage est un effet secondaire bienvenu. L’objectif est de diminuer la prise de drogue. "Quand on est à la rue, on ne se repose pas, on a froid, on a peur, on peut se faire agresser", liste Thomas Herquel. "Ça augmente les consommations, ne serait-ce que pour survivre à la vie dans la rue."

En 2019, Première Ligne avait déjà testé ce dispositif et avait constaté une baisse de la consommation. Le projet actuel est réalisé en collaboration avec le canton. 200'000 francs de budget supplémentaire permettront de financer les deux premiers mois d’exploitation.

Anouk Pernet

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