Le Canton de Genève pourrait améliorer la prévention contre le surpoids
Les autorités genevoises vont dans la bonne direction en matière de prévention, estime l'organe d'audit qui insiste toutefois sur plusieurs points d'amélioration.
Les pouvoirs publics sont par exemple appelés à mieux cibler les personnes concernées et à faciliter l'accès à une alimentation saine, ainsi qu'à une activité physique.
"La population qualifiée de 'vulnérable', c'est-à-dire les personnes en situation économique défavorisée, est la plus touchée par le surpoids et l'obésité", relève mercredi dans La Matinale Isabelle Terrier, magistrate de la Cour des comptes. "Les programmes ne parviennent que peu à atteindre ce public", constate-t-elle. Elle souligne par ailleurs l'importance de l'activité physique, un besoin mis en évidence par la pandémie.
Les conclusions de la Cour des comptes genevoise vont d'ailleurs dans le même sens que les constats de son homologue vaudoise, qui s'est penchée sur la question il y a quelques mois.
Changement de paradigme demandé
De manière générale, la problématique du surpoids et de l'obésité prend de l’ampleur et beaucoup demandent une meilleure prévention pour y faire face.
Interrogée mercredi dans La Matinale, Myriam Pasche, la responsable du département Promotion de la santé et préventions à Unisanté à Lausanne, appelle de son côté au "changement de paradigme". La méthode privilégiée en Suisse ces trois dernières décennies, informer et sensibiliser, ne suffit pas.
Selon l'infirmière de formation et licenciée de sciences sociales, la focalisation sur la responsabilité individuelle est lacunaire. La responsabilité sociétale et les environnements de vie doivent également être pris en compte.
Créer des environnements moins obésogènes
"Des environnements sont obésogènes. Des déterminants socio-économiques et environnementaux font que l'accès à une alimentation saine et à une activité physique suffisante est différent selon les groupes sociaux", explique-t-elle.
Myriam Pasche plaide donc en faveur de la création d'environnements favorables à la santé, par exemple la taxation de certains produits alimentaires ou la limitation du marketing pour des produits particulièrement sucrés ou gras. Ce sont des "mesures qui fonctionnent", assure-t-elle, ajoutant qu'elles doivent faire l'objet d'un débat en Suisse.
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Mais elle tient aussi à "nuancer l'échec" de la politique contre le surpoids en Suisse, car celui-ci, après avoir augmenté en trois décennies, stagne depuis 2017.
>> Ecouter toute l'interview de Myriam Pasche dans La Matinale:
Former les professionnels
En Suisse, la politique de prévention se fait en collaboration entre la Confédération et les cantons.
Les défis ne manquent pas. Selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), il faut d'abord stabiliser la prévalence de cas d'obésité tout en évitant de stigmatiser les personnes souffrant de cette maladie. L'OFSP souligne aussi l'importance, à terme, de former tous les professionnels de la santé à cette thématique pour y répondre de manière plus globale.
Sujet radio: Tania Sazpinar
Propos de Myriam Pasche recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: Antoine Michel