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A Genève, les plantes aquatiques invasives sont compostées dans le lac

Genève invente le compost dans le lac. [RTS - Anouk Pernet]
A Genève, les plantes aquatiques invasives sont compostées dans le lac / La Matinale / 1 min. / le 18 juillet 2022
Pour éviter d’incinérer les plantes lacustres coupées, le canton a mis sur pied une méthode simple mais inédite. Deux grands filets plongés au large des côtes accueilleront 200 m3 d’algues qui se décomposeront en un mois.
Les plantes aquatiques faucardées ne sont plus brûlées. [RTS - Anouk Pernet]
Les plantes aquatiques faucardées ne sont plus brûlées. [RTS - Anouk Pernet]

Chaque année de juin à septembre, la saison du faucardage bat son plein dans la rade de Genève. C’est ainsi qu’on appelle le fait de couper les plantes aquatiques qui gênent la navigation.

Auparavant, ces végétaux étaient transportés à quai pour sécher, ce qui engendrait une forte odeur. Des camions les transportaient ensuite à l’usine d’incinération. Une pratique qui nécessitait plusieurs transports polluants. "De plus, ces macrophytes (ndlr: végétaux aquatiques souvent enracinés) sont composés en majorité d’eau, souligne Stéphane Gigon, contremaître au service cantonal du paysage et des forêts. C’est un non-sens de brûler de l’eau."

Dès cet été, ces déchets lacustres se décomposeront à même le Léman. Deux grands filets flottent au large de la Perle du Lac et de la Pointe à la Bise. Chacun accueillera en tout 100 m3 d’algues coupées, soit l’entier de ce qui est faucardé chaque année. Il faut une trentaine de jours pour que les déchets se désagrègent.

Un projet mûrement réfléchi

Le canton a commencé les premiers tests en 2012. D’autres options étaient également sur la table, notamment la transformation des plantes aquatiques en biogaz ou en engrais pour les champs. Mais la forte odeur que dégagent ces déchets et leur acidité n’étaient pas compatibles avec ces solutions. Arrive alors l’idée des filets immergés, explique Stéphane Gigon: "Nous nous sommes dit que ce serait intéressant de faire un compost comme dans les jardins, mais dans le lac."

Les premiers essais se font avec un filet prévu pour contrer les méduses, mais il manque de solidité. Le choix se porte donc sur un filet pour élevage de poissons. Des analyses physico-chimiques et bactériologiques prouvent que la qualité de l’eau à proximité n’est pas dégradée. Autre point positif: les oiseaux et les poissons apprécient les lieux où ils trouvent refuge et nourriture.

Utilisation toute l'année

En hiver, lorsque le faucardage est terminé, les filets retrouveront leur usage d’origine. Ils accueilleront de jeunes truites d’élevage pour qu’elles s’acclimatent au lac. Les filets seront donc utilisés toute l’année.

La méthode genevoise pourrait inspirer ailleurs. D’autres autorités cantonales s’y sont intéressées, notamment pour l’autre bout du lac, vers le Bouveret, ou pour le lac de Bienne.

>> Voir aussi le reportage du 19h30 :

La chaleur profite aux algues. A Genève, un projet-pilote permet de les composter directement dans le lac Léman.
La chaleur profite aux algues. A Genève, un projet-pilote permet de les composter directement dans le lac Léman. / 19h30 / 2 min. / le 4 septembre 2022

Anouk Pernet

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Faucardage sélectif

Contrairement à ce qui était pratiqué par le passé, seules certaines algues sont faucardées. "Nous coupons celles qui sont invasives ou qui gênent trop la navigation, détaille Grégoire Lauber, horticulteur au service cantonal du paysage et des forêts. Nous préservons celles qui sont bénéfiques, en oxygénant le lac ou en servant de cache pour les poissons."

Pour remplir cette mission, Genève peut compter depuis 2022 sur de nouvelles faucardeuses. Ces moissonneuses-batteuses lacustres sont munies de bras articulés ou de paniers permettant de décharger facilement les plantes dans les filets.

Une faucardeuse à l'oeuvre dans la rade de Genève. [RTS - Anouk Pernet]
Une faucardeuse à l'oeuvre dans la rade de Genève. [RTS - Anouk Pernet]