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Souffrances et conditions de travail dénoncées à Radio Cité

Une régie radio (image d'illustration). [Keystone - Ennio Leanza]
Souffrances et conditions de travail dénoncées à Radio Cité / La Matinale / 2 min. / le 31 mai 2022
Management brutal, manque de transparence ou salaire en dessous du minimum légal: à Genève, Radio Cité, seule station du canton à toucher la redevance, fait l'objet d'un contrôle de l'Office cantonal de l'inspection du travail, a appris la RTS. L'Office fédéral de la communication exige également des clarifications.

Décision de l'AIEP: l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio - télévision (l’AIEP) a admis une plainte pour l’article intitulé « Souffrances et conditions de travail dénoncées à Radio Cité » publié dans RTSinfo le 31 mai 2022. Dans sa décision, l’AIEP estime que les lecteurs n’ont pas pu se forger une opinion correcte de la situation régnant au sein de Radio Cité. Le diffuseur a violé son obligation de diligence journalistique, notamment les principes de transparence et d’équité. (Lien vers la décision : https://www.ubi.admin.ch/inhalte/entscheide/b_941.pdf)

L'alerte a été lancée par les employés eux-mêmes, lassés de leurs conditions de travail qu'ils jugent particulièrement difficiles. Illustration de ce malaise, sur les six derniers mois, quatre employés - sur une équipe qui en compte sept -  se sont retrouvés en arrêt maladie.

Les employés ciblent particulièrement Viviane de Witt, la directrice et mécène de Radio Cité. Ils dénoncent le management vertical et violent de cette femme d'affaires bien connue à Genève: humiliation et infantilisation, ingérence éditoriale, ou encore menaces récurrentes de licenciement. Ces menaces sont prises au sérieux, puisqu'en 2009, Viviane de Witt avait déjà licencié sept collaborateurs d'un coup.

Subventionnée à 80% par la redevance

Cette souffrance au travail a conduit à un contrôle de l'inspection du travail en matière de santé au travail la semaine dernière. Tous les employés ont été entendus, à la grande surprise de la directrice.

Les salariés reprochent à Viviane de Witt de gérer cette radio comme si c'était la sienne. Ils regrettent également un manque de transparence. Or, Radio Cité est une association et elle est subventionnée à hauteur de 80% par la redevance. En 2021, elle a reçu plus de 750'000 francs d'argent public. Il s'agit du plus gros montant distribué à une station non-commerciale complémentaire du pays.

Les employés assurent n'avoir jamais eu accès aux comptes de l'association. Ils ne figurent en effet pas sur le site. Il est également reproché à la directrice de prendre des décisions unilatérales au détriment de la radio. Elle a par exemple déménagé les locaux de la station dans sa propriété de Vandoeuvres ou arrêté des émissions qui répondaient au mandat de l'Office fédéral de la communication.

Salaire en dessous de minimum légal

Des irrégularités plus graves sont par ailleurs soupçonnées. Selon les informations de la RTS, au mois de mars, la directrice générale aurait engagé un animateur à 100% pour un salaire de 3000 francs mensuel. C'est nettement en dessous du minimum légal à Genève, qui se situe à un peu plus de 4000 francs. Alerté, l'Office fédéral de la communication va exiger des clarifications à ce sujet.

Viviane de Witt a dans un premier temps confirmé à la RTS le contrôle de l'inspection du travail, à la suite duquel elle compte mettre en place une charte énumérant les comportements acceptables ou non de la direction et des salariés. Interrogée sur le salaire à 3000 francs, elle a toutefois subitement mis un terme à l'entretien téléphonique.

Mohamed Musadak

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