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Robin des bois ou escroc? Le procès d’un pharmacien s'ouvre à Genève

Des produits alignés sur une étagère d'une pharmacie en Suisse. [Keystone - Gaetan Bally]
Un procès pour "escroquerie systématique" impliquant 12 pharmaciennes et pharmaciens s’ouvre à Genève / Le 12h30 / 1 min. / le 16 mai 2022
Le procès d'un pharmacien et de ses onze complices s'est ouvert lundi à Genève. Ils sont soupçonnés d’avoir floué une dizaine de caisses maladie pendant des années à l'aide de fausses prestations et de fausses factures. Le principal prévenu se défend en assurant avoir aidé des personnes précaires.

L'accusation parle d'une véritable organisation où pharmaciens, employés et clients étaient complices. Elle décrit un mode opératoire systématique. Les employés de la pharmacie facturaient des prestations ou des médicaments qui figuraient sur des ordonnances, mais sans les remettre, ou alors seulement partiellement, aux clients fraudeurs.

En échange, des dizaines de clients auraient reçu gratuitement des produits issus de l'assortiment en vente libre ou des médicaments non remboursés par les caisses.

Ce système rudimentaire était indétectable par les caisses maladie. Il a été imaginé par un homme, le patron de la pharmacie en question. Désigné comme le cerveau, ce pharmacien est accusé d'escroquerie par métier et de faux dans les titres. Les autres prévenus sont ses complices. La fraude, qui aurait duré dix ans, aurait rapporté 2,5 millions de francs, selon le Ministère public.

Produits de première nécessité?

Du côté de la défense, on prend un contre-pied total. Lors de ses premières interventions lundi matin, Maître Yael Hayat, avocate du patron, a présenté son client comme un robin des bois des pharmacies. Loin de rechercher l'enrichissement, cet homme aurait en fait rendu service aux clients précaires de ce commerce situé dans un quartier populaire.

A la place d’un paracétamol prescrit, le patron de la pharmacie pouvait donner des produits de première nécessité comme des couches, a assuré Maître Yael Hayat à la RTS. Cette dimension sociale pourrait tout changer si elle convainc les juges.

Le principal accusé entendu

L’après-midi a été consacrée à l’audition du "cerveau" de l’affaire. La présidente a essayé de comprendre son système. Le principal suspect nie s’être enrichi mais confirme avoir facturé aux caisses maladie des médicaments qu’il n’a pas remis. Ceci dans le but de rembourser la quote-part des clients pauvres qui ne pouvaient pas payer. "Je n’ai jamais mis quelqu’un aux poursuites, a-t-il promis. J’ai juste essayé d’aider des gens dans une grande misère".

L’accusé a aussi reconnu avoir facturé des médicaments pris en charge par l’assurance de base mais seulement afin d’en remettre un autre pris en charge uniquement par une assurance complémentaire, dont ses clients pauvres ne bénéficiaient pas.

Ses explications, souvent confuses, ont parfois laissé la présidente et l’assistance circonspectes. Les embrouilles d’un coupable ou les maladresses d’un innocent? La suite de la procédure le dira. Les audience reprennent mardi.

Mohamed Musadak/asch

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