Publié

Au sujet du foyer de Mancy (GE), "on a voulu bien faire, mais on a failli", admet Anne Emery-Torracinta

La conseillère d'État genevoise Anne Emery-Torracinta revient sur les révélations de violences faites aux enfants autistes dans un foyer du canton
La conseillère d'État genevoise Anne Emery-Torracinta revient sur les révélations de violences faites aux enfants autistes dans un foyer du canton / 19h30 / 3 min. / le 19 octobre 2021
Bâtiment inadapté, personnel surmené, enfants maltraités, le foyer genevois de Mancy, qui accueille huit jeunes autistes, fait l'objet de critiques relayées par la presse. Invitée au 19h30, la ministre genevoise en charge de l'Instruction publique Anne Emery-Torracinta admet des manquements de son département.

Les critiques visant le foyer de Mancy, qui accueille huit enfants lourdement handicapés à Collonge-Bellerive (GE), touchent particulièrement Anne Emery-Torracinta. Il faut dire que la conseillère d'Etat en charge du Département de l'instruction publique, de la formation et de la jeunesse est concernée par ce sujet.

"J'ai moi-même une fille autiste qui est en institution. Je me suis donc battue pendant des années pour que les adultes autistes aient de bonnes conditions", témoigne-t-elle sur le plateau du 19h30, regrettant que son département n'ait pas réussi à faire de même pour les enfants. "On a voulu bien faire, mais on a clairement failli dans cette affaire", admet-elle.

De nombreux manquements dénoncés

De nombreux témoignages accusent en effet le foyer genevois de manquements en ce qui concerne la prise en charge des jeunes autistes qui lui sont confiés.

Natascha Koutchoumov a placé son fils Elias au foyer de Mancy entre 2018 et 2020. Durant ces deux ans, la mère de famille a vu son état physique et mental se dégrader. Très vite, elle a voulu alerter les autorités. Sans succès. Aujourd'hui, elle a décidé de porter plainte.

"Elias avait des comportements de cris. Il a pu être puni en chambre sans avoir accès à ce qu'il voulait manger, ce qui paraît aberrant vu qu'il était rachitique et qu'il ne mangeait rien", témoigne-t-elle dans le 19h30. "Effectivement, je pense que ça devait être des moments isolés parce que la majorité de l'équipe n'était pas dans cet état d'esprit. Néanmoins, quand des personnes sont débordées avec des jeunes dans un état extrême, forcément, il se passe des choses comme ça."

Des propos que confirment d'ailleurs plusieurs anciens employés du centre. "Nous étions un peu livrés à nous-mêmes, chacun essayait de faire comme il pouvait. Donc effectivement, il y a eu des punitions qui n'étaient pas très éducatives ou pas très adéquates", confie notamment l'un d'eux sous couvert d'anonymat.

>> Regarder le sujet du 19h30 :

Le foyer de Mancy à Genève est la cible de plusieurs cas de maltraitances d’enfants autistes. Une plainte a été déposée, tandis qu’un audit a été demandé
Le foyer de Mancy à Genève est la cible de plusieurs cas de maltraitances d’enfants autistes. Une plainte a été déposée, tandis qu’un audit a été demandé / 19h30 / 4 min. / le 19 octobre 2021

Un problème général

Pour Anne Emery-Torracinta, qui admet avoir été personnellement alertée par Natascha Koutchoumov, l'erreur a été d'abord de croire qu'il s'agissait d'un problème particulier ne touchant qu'un seul enfant, alors que c'était un problème plus général concernant tout le foyer et son fonctionnement.

"Très clairement, le premier directeur du foyer a caché un certain nombre de choses à la hiérarchie. Quand on a compris, en 2020, il y a eu une analyse interne et un changement de direction", poursuit-elle. Mais là non plus, tout ne s'est pas passé comme prévu. "Tout laissait penser que ça allait aller, mais ça n'a pas fonctionné avec la nouvelle directrice. D'où des alertes qui nous ont amenés à lancer un audit."

Interview et sujet TV: Philippe Revaz et Julie Contie

Adaptation web: Fabien Grenon

Publié