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Une étude estime à 730 personnes le nombre de sans-abri à Genève

Une étude chiffre et détaille le profil de la population des sans-abris à Genève. La réaction de Christina Kitsos, Conseillère administrative genevoise
Une étude chiffre et détaille le profil de la population des sans-abris à Genève. La réaction de Christina Kitsos, Conseillère administrative genevoise / 12h45 / 2 min. / le 21 septembre 2021
Les statistiques sur les personnes sans-abri sont rares. Une étude de l'Université de Genève, commandée par la Ville, quantifie pour la première fois le phénomène au bout du lac. Elle évalue à environ 730 les personnes obligées de dormir dehors ou de passer la nuit dans une structure d'urgence.

Ce chiffre est une estimation. Il a été calculé à partir des données récoltées en mars dans les hébergements accueillant des personnes sans domicile fixe (SDF). Pour les gens dormant effectivement dans la rue, leur nombre a été extrapolé sur la base d'une étude de sociologues bâlois et à partir d'informations fournies par les acteurs associatifs genevois.

L'étude de l'UNIGE publiée mardi a aussi dressé le profil des sans-abri. Près de neuf personnes sur dix ne bénéficient pas d'un statut de résidence et plus de la moitié de cette population est à Genève depuis au moins six mois. Les populations possédant un statut de résidence ne représentent que 13,1% des usagers des hébergements d'urgence.

Spécificité genevoise

Cette proportion plus importante de personnes migrantes parmi les SDF est une particularité genevoise. Ailleurs, le sans-abrisme touche un public plus local . En Suisse alémanique, par exemple, on trouve beaucoup de personnes qui ont eu une rupture dans leur vie, explique Thomas Vogel, consultant indépendant qui a participé à l'enquête.

L'intervention des collectivités publiques à Genève est aussi plus marquée. Dans d'autres pays, la réponse est plutôt du domaine des associations, précise Thomas Vogel. Ailleurs, il est aussi souvent demandé aux usagers de ces structures de soutien et d'accueil une très modeste contribution.

Cette étude genevoise a été commandée par la Ville de Genève, qui finance une grande part de la politique d'aide aux SDF dans le canton. Sur les 35 millions de francs consacrés à la question en 2020, la municipalité en a versé 19 millions. Les autres communes genevoises ont apporté un million de francs.

Sortir de l'urgence conjoncturelle

La conseillère administrative de la Ville de Genève Christina Kitsos souhaiterait rediscuter des contributions des uns et des autres. "Je m'engage à aller voir les communes et trouver avec elles une façon de travailler ensemble et les moyens nécessaires", relève la magistrate socialiste.

Avec le canton, l'objectif serait de renforcer l'axe socio-sanitaire, note Christina Kitsos. Cet automne, environ 500 places seront à disposition des personnes sans-abri au bout du lac, en comptant celles proposés par les pouvoirs publics et celles ouvertes par les associations.

Pour le directeur du Centre social protestant (CSP) de Genève Alain Bolle, le problème est que l'offre de places pour les sans-abri dans le canton dépend de la période de l'année et du financement. A ses yeux, "il faut sortir de cette urgence conjoncturelle". Ce sera "le gros défi qui attend les communes".

L'étude de l'UNIGE sur le sans-abrisme a été conduite par une équipe emmenée par Jean-Michel Bonvin, professeur à l'Institut de recherches sociologiques et vice-doyen de la faculté des sciences de la société.

>> Ecouter l'interview de Jean-Michel Bonvin dans le 12h30 :

Les villes romandes les plus concernées par l'accueil d'urgence de sans-abri sont Lausanne et Genève. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Une étude détaille les besoins en logement des sans-abris à Genève: interview de Jean-Michel Bonvin / Le 12h30 / 2 min. / le 21 septembre 2021

ats/iar

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