Des milliers d’enveloppes de vote genevoises laissées en déshérence dans la rue

Des caisses entières remplies de bulletins pour le scrutin du 13 juin ont patienté à même la rue, sans surveillance, devant l'entrée du Service des votations et élections (SVE) situé au centre-ville, avant d'être récupérées trois jours après par des employés.

Les faits ont eu lieu durant le long week-end de Pentecôte, il y a une dizaine de jours. Samedi matin, le 22 mai, vers 7h, un facteur livre au SVE 22 caisses contenants des enveloppes de vote pour les votations du 13 juin. Il y a là quelque 7000 bulletins de vote. Le problème, c'est que la porte d'entrée de l'immeuble est fermée et qu'il n'y a personne pour accueillir la marchandise. Le facteur tente de joindre son superviseur. En vain. Il attend alors une quinzaine de minutes. Il se décide finalement à laisser ces 22 caisses remplies de bulletins de vote devant l'entrée, à même la rue.

Enquête interne

Contactée, La Poste est claire: ce procédé ne respecte pas ses normes qualités. Son employé n'aurait pas dû laisser les caisses sans surveillance. "C'est une erreur malheureuse qui n'aurait pas dû se produire", concède Silvana Grellmann, porte-parole du géant jaune. "Et pour laquelle nous nous excusons". Concrètement, le facteur aurait dû reprendre les caisses et les distribuer à une date ultérieure. Sauf qu'il s'est senti obligé de laisser la marchandise. Car un accord mutuel existe entre le SVE et La Poste. Il prévoit la livraison des enveloppes de vote les trois samedis précédant chaque scrutin. La Poste et son employé pensaient que le 22 mai était l'un de ces samedis. A tort.

Une enquête interne a donc été diligentée par La Poste. Ses conclusions sont parvenues ce lundi à l’Etat de Genève. Selon ce dernier, elles pointent des manquements à plusieurs processus internes. Le facteur, de son côté, a été remis à l'ordre. "Lui aussi regrette vivement cette erreur et veillera à ce qu'une telle situation ne se reproduise pas à l'avenir", précise Silvana Grellmann.

Caisses pas fermées

Ces milliers de bulletins de vote laissés en déshérence ont finalement été récupérés par les employés du SVE. Mais seulement le mardi matin, car le lundi était férié avec le week-end de Pentecôte. Cela veut dire que ces enveloppes de vote sont restées devant l'immeuble sans surveillance pendant trois jours et trois nuits. A la merci du moindre quidam. Car il faut savoir que ces caisses en plastique grises de La Poste ne sont pas fermées à clé.

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"Nous avons immédiatement pris des photographies des caisses et relaté l'incident à La Poste", explique la Chancellerie genevoise, organe de tutelle du SVE, avant de poursuivre. "Nous ne pouvons que regretter l’erreur des services postaux, en particulier s’agissant de la livraison, effectuée à une mauvaise date malgré notre indication explicite. Nous déplorons également la décision prise de laisser des caisses contenant du matériel de vote devant nos locaux fermés."

Quid du 13 juin?

Ce couac pose néanmoins des questions: quelle garantie peut-on avoir que les enveloppes n'ont pas été manipulées ou substituées par des tiers? Doit-on s’attendre à des conséquences sur le scrutin du 13 juin? La Chancellerie genevoise répond qu’elle a procédé à une comparaison de photographies entre celles prises à la livraison de la marchandise, samedi matin, et celles prises à l'arrivée des premiers employés, le mardi. Une série de vérifications a ensuite été réalisée afin de s'assurer notamment qu'aucune enveloppe de vote n'était ouverte.

"En l'état", indique la Chancellerie genevoise, "nous n'avons constaté aucune manipulation directe sur les caisses ou les enveloppes". Elle affirme avoir transmis ce lundi l'ensemble de ses observations à la Commission électorale centrale (CEC), celle qui s'occupe à Genève du bon déroulé des scrutins. La Chancellerie fédérale a également été avertie. "Nos services doivent désormais procéder à l'évaluation des suites à donner à cet incident", conclut la Chancellerie genevoise.

>> La réaction des partis dans le 12h30 :

RTS

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Raphaël Leroy