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A Genève, des agences de relocation s'enrichissent sur le dos des locataires en proposant des exclusivités bidon

Genève: des agences de relocation s'enrichissent aux dépens des locataires en leur proposant des logements soi-disant exclusifs.
Genève: des agences de relocation s'enrichissent aux dépens des locataires en leur proposant des logements soi-disant exclusifs. / 19h30 / 2 min. / le 17 mai 2021
A Genève, certains intermédiaires présentent des logements soi-disant exclusifs sur leur site Internet. L'enquête de la RTS montre que cette exclusivité n'en est pas une et qu'elle peut relever de l'escroquerie. 

Imaginez la scène: vous êtes à la recherche d'un logement à Genève et vous tombez sur le site d'une agence de relocation qui propose plusieurs appartements.  Sur certaines annonces, il est écrit noir sur blanc que le bien est une "exclusivité" de l'agence, c'est-à-dire que la seule façon de l'obtenir est de passer par elle.

Si l'appartement attire votre attention, que vous déposez votre dossier et que la régie vous attribue le bien, vous devrez alors verser l'équivalent d'un mois de loyer à l'agence de relocation à titre de commission. Dit autrement, vous devrez mettre deux fois la main au porte-monnaie: une fois pour payer votre premier loyer à la régie et une fois pour payer l'agence de relocation. L'exclusivité a donc un prix et c'est comme ça que certaines agences de relocation s'enrichissent.

Portails immobiliers

L'enquête de la RTS montre toutefois que cette exclusivité n'en est pas toujours une. L'agence de relocation propose ainsi un bien sur son site Internet, mais on retrouve ce même bien sur les portails immobiliers via des annonces postées par le locataire qui souhaite remettre son bail. Si vous passez par le locataire pour obtenir l'appartement, vous économiserez alors de l'argent puisque vous n'aurez pas à verser de commission à l'agence de relocation.

Plusieurs agences de relocation genevoises proposent en fait des exclusivités qui n'en sont pas. Si certaines font figurer ce mot sur leur site, d'autres parlent "d'exclusivité" au téléphone lorsqu'elles sont contactées par la personne intéressée par un bien.

Les intermédiaires qui "vendent" des exclusivités bidon prennent des risques. Interrogé par le 19h30, le professeur de droit pénal de l'Université de Genève Yvan Jeanneret affirme ainsi qu'une telle pratique peut relever de l'escroquerie.

"Une tromperie astucieuse"

"Ce serait une tromperie faite à l'égard du candidat locataire sur une exclusivité qui en réalité n'existe pas", explique-t-il. "Mais pour qu'il y ait escroquerie, il faut en plus que la tromperie soit astucieuse. L'astuce fait notamment référence à la capacité du candidat locataire de pouvoir vérifier par lui-même, facilement ou pas, de l'existence de cette exclusivité ou non. Si c'est un peu compliqué de vérifier, dans ce cas-là, il y a astuce, et l'escroquerie est réalisée", ajoute-t-il.

La RTS a contacté des agences de relocation qui proposent des exclusivités qui n'en sont pas. Certaines n'ont pas souhaité répondre, d'autres ont contesté agir de la sorte alors qu'il a pu être vérifié que c'était pourtant bien le cas.

"Des agences peu scrupuleuses"

Au sein des régies genevoises, on ne voit pas toujours d'un bon œil certains intermédiaires.

Au 19h30, Philippe Angelozzi, secrétaire général de l'Union suisse des professionnels de l'immobilier à Genève, explique ainsi qu'on peut "avoir des agences peu scrupuleuses qui viennent pomper des annonces de régies pour les mettre sur leur propre site."

"Elles se font passer pour la régie qui met en vente ou en location le bien. C'est totalement interdit, c'est une forme de vol du travail et c'est contraire à la loi sur la concurrence déloyale", conclut-il.

>> Les précisions de Fabiano Citroni dans le 19h30 :

Fabiano Citroni, journaliste RTS, sur la fraude à l'exclusivité immobilière.
Fabiano Citroni, journaliste RTS, sur la fraude à l'exclusivité immobilière. / 19h30 / 1 min. / le 17 mai 2021

Fabiano Citroni

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