Publié

Christian Lüscher: "Pour l'amour du PLR, Pierre, s'il te plaît, démissionne du parti"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Christian Lüscher, vice-président du PLR
L'invité de La Matinale (vidéo) - Christian Lüscher, vice-président du PLR / La Matinale / 9 min. / le 11 novembre 2019
Alors que le PLR a fêté des succès aux Etats dans les cantons de Vaud et de Fribourg, sa défaite est cuisante à Genève. Pour Christian Lüscher, vice-président du parti, Pierre Maudet porte une lourde responsabilité dans ces résultats. Il l'appelle à la démission du PLR dans La Matinale.

Au lendemain du second tour au Conseil des Etats, le PLR peut globalement sourire en Suisse romande. A Fribourg, Johanna Gapany a réussi à subtiliser le second siège du Conseil des Etats au nez et à la barbe du PDC sortant Beat Vonlanthen. Dans le canton de Vaud également, le second tour a permis une nouvelle "remontada" d'Olivier Français. Troisième après le premier tour, le conseiller aux Etats sortant a réussi à grimper sur la première marche du podium, fermant la porte à la socialiste Ada Marra.

Si pour Christian Lüscher (PLR/GE), ces résultats sont réjouissants, il est difficile pour le vice-président du parti d'être pleinement satisfait, tant la situation semble différente à Genève.

La droite désunie

En effet, l'Entente n'a pas réussi à inquiéter le ticket rose-vert. Pour Christian Lüscher, il était difficile de faire face en étant aussi désunis: "Dès le soir du premier tour, la PDC Béatrice Hirsch a dit que de toute façon elle resterait pour le second tour. Céline Amaudruz (UDC) n'a elle non plus pas laissé une seconde pour que l'on puisse mener une éventuelle discussion puisque là aussi, le soir même, elle a annoncé qu'elle se présenterait pour le second tour."

Pour le conseiller national, le PLR genevois reste "le grand perdant des PLR de Romandie". Et de rappeler qu'il s'agit de la "seule section cantonale romande du PLR à avoir perdu un siège au National".

"Nous nous sommes fait insulter sur les marchés"

Pour Christian Lüscher, l'affaire Maudet a pesé gros dans cette déconfiture: "Il est temps de le dire, durant sept semaines, sur les marchés, nous nous sommes fait insulter, nous avons subi des invectives, des quolibets, parfois des agressions quasiment physiques, des gens qui nous ont balancé nos flyers à la figure, en disant qu'ils ne voteraient plus jamais PLR tant que c'était le parti du 'menteur' (cf. Pierre Maudet). Les militants qui sont venus sur les stands ont eux-mêmes été effarés par le désamour que la population genevoise porte désormais à Pierre Maudet."

Une situation qui inquiète le député avant les élections municipales qui auront lieu au mois de mars 2020.

Questionné pour savoir s'il y avait quelque chose à faire, Christian Lüscher estime que tout a déjà été tenté et décline l'idée d'un nouveau Congrès extraordinaire, préférant en appeler à la responsabilité individuelle: "J'en appelle à cette responsabilité personnelle, que Pierre Maudet aime mettre en avant. Si véritablement il est ce libéral-radical qui, constatant la débâcle dans laquelle il a conduit son parti, décide enfin de prendre ses responsabilités, et bien je crois qu'il doit démissionner du PLR".

"Les gens nous disent 'moi j'ai de la peine à vivre, et ce type-là, qui est un menteur, qui a triché, lui il va toucher une rente à vie, pour nous c'est insupportable.'"

Devant cette situation intenable, Christian Lüscher a donc décidé d'appeler publiquement Pierre Maudet à démissionner: "Pierre, s'il te plaît, pour l'amour du PLR, démissionne du parti."

Pierre Maudet. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]Keystone - Salvatore Di Nolfi
Pierre Maudet est-il responsable de la débacle de la droite genevoise ? / Forum / 3 min. / le 11 novembre 2019

>> L'analyse de Raphaël Leroy dans Forum:

Propos recueillis par Xavier Alonso

Adaptation web: Tristan Hertig

Publié

Christian Lüscher salue les victoires de Johanna Gapany et d'Olivier Français

En dehors de Genève, le deuxième tour aux Etats a plutôt souri au PLR romand, avec respectivement la première place d'Olivier Français dans le canton de Vaud et la deuxième place de Johanna Gapany à Fribourg. Christian Lüscher a tenu à saluer vivement ces deux vainqueurs.

Si la jeune Bulloise a créé la sensation dans le canton de Fribourg en remportant de peu la deuxième place devant le PDC Beat Vonlanthen, Christian Lüscher refuse d'y voir un facteur d'âge et de genre: "Il se trouve qu'elle est jeune, il se trouve que c'est une femme et elle ne peut rien y faire. Mais au-delà de ces faits objectifs, il y a de toute évidence de la profondeur dans le discours (...) j'ai suivi sa campagne, j'ai eu l'occasion de l'entendre débattre, de l'entendre s'exprimer et émettre des idées (...) on a visiblement quelqu'un qui a la tête sur les épaules et qui a de toute évidence un avenir politique énorme", explique entre autres le vice-président du PLR.

Pour lui, il est injuste de réduire cette victoire à l'effet femme et à l'effet jeune: "C'est la victoire de Johanna Gapany, elle ne la doit qu'à elle-même et peut-être aussi, à une stratégie peu reluisante du duo Vonlanthen-Levrat."

Christian Lüscher s'est aussi réjoui du maintien d'Olivier Français à la Chambre haute: "Il est rassurant et apaisant d'avoir des PLR romands de la qualité d'Olivier Français. Je crois que le canton de Vaud a beaucoup de chance de l'avoir comme sénateur (..) il est parfois un peu bourru, il a un peu de caractère mais c'est quelqu'un de très bien, avec lui aussi la tête sur les épaules, et qui se bat loyalement pour le canton de Vaud."

"Nos résultats ne sont pas une question de programme"

Pour Yvan Zweifel, chef du groupe PLR au Grand Conseil genevois, les propos de Christian Lüscher retranscrivent une réalité.

Interviewé dans le 12h30, le député confirme que pendant la campagne, la situation sur les stands et les marchés était intenable: "Dans 8 cas sur 10, les gens nous disaient que s'ils ne votaient pas pour nous, c'était à cause de Pierre Maudet", explique-t-il.

Dès lors, les mauvais résultats du PLR dans le canton de Genève ne relèvent pas d'une question de programme, selon Yvan Zweifel. Pour lui, seuls deux facteurs ont eu un réel impact: la désunion la droite et donc, l'affaire Maudet.

Pour ce qu'il en est des municipales du mois de mars, le chef de groupe se veut cependant moins alarmiste que Christian Lüscher. D'après lui, ces élections représentent un exercice somme toute différent, où l'ancrage des sections locales devient est plus important que l'image du PLR au niveau cantonal ou national.