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Des associations de réinsertion lancent un appel à l'aide à Genève

Chômeurs en fin de droit: la ville de Genève propose un fond de chômage pour les populations en grande précarité.
Chômeurs en fin de droit: la ville de Genève propose un fond de chômage pour les populations en grande précarité. / 19h30 / 3 min. / le 31 octobre 2019
Suite à la disparition du Fonds de chômage de la Ville de Genève, des mesures de réinsertion professionnelle mises en place par plusieurs associations sont menacées. Les organismes et leurs bénéficiaires tirent la sonnette d'alarme.

Régulièrement attaqué au législatif de la Ville de Genève, le Fonds est dissous car le nouveau modèle comptable adopté par la municipalité ne permet plus de le maintenir. La Ville a décidé de sauver des projets d'associations actives dans la lutte pour l'égalité hommes-femmes, mais n'a pu subventionner toutes les mesures.

Résultat: quelque 150 places de réinsertion professionnelle créées par plusieurs associations sont menacées dès 2020. Des mesures destinées aux personnes échappant au filet institutionnel de l'emploi.

"Pour nous, cela signifie la fin du projet créé il y a dix ans, un projet qui associait des activités de fiduciaire à de la formation par la pratique dans les métiers de la comptabilité et de la gestion des salaires", explique au 19h30 Sandrine Meyer-Chanson, directrice de Comptabilis, un des organismes qui bénéficiaient jusque-là du Fonds. "Nous pouvons rester une fiduciaire, mais sans cette activité de formation, c'est notre raison d'être qui disparaît."

Un taux de réinsertion de 29%

En moyenne, ces mesures professionnelles affichent un taux de réinsertion de 29%. Un taux élevé, précisent ces organismes, pour des bénéficiaires qui cumulent souvent plusieurs obstacles pour accéder à un emploi. Plus des deux tiers sont ainsi peu ou pas qualifiés.

Paulo Ferreira-Rodrigues fait partie de ceux qui ont pu intégrer Comptabilis pour quelques mois. Âgé de 23 ans, le Genevois a obtenu un CFC d'employé de commerce en 2016, mais n'a jamais trouvé d'emploi. Ayant épuisé son droit aux indemnités chômage, il n'a désormais plus de revenu et vit sur ses économies, chez ses parents.

"Pour moi, ce stage constituait une opportunité de travailler, de ne pas rester à la maison sans rien faire et de ne pas me retrouver à l'hospice", raconte le jeune homme.

>> Voir son témoignage en vidéo :

Comme cette Genevoise, de nombreuses personnes qui n’ont pas le droit au chômage décident de ne pas demander l’aide sociale. [RTS - DR]
Tombés hors du filet social: témoignages / L'actu en vidéo / 2 min. / le 31 octobre 2019

Des bénéficiaires qui ne seront pas lâchés, selon le Canton

Les associations concernées recherchent aujourd'hui 900'000 francs pour pouvoir maintenir leurs projets. Leur salut pourrait-il passer par le Canton? "La décision de la Ville, que l'on attendait déjà depuis quelques années, aurait dû être aussi anticipée par ces associations en allant chercher d'autres soutiens. Peut-être pourrons-nous encore faire le nécessaire", indique le conseiller d'Etat Mauro Poggia, en charge de l'emploi.

"Il faut savoir que nous arrivons dans une période de l'année dans laquelle les budgets sont déjà bouclés. Il va de soi qui si ces institutions sont efficaces, et je veux bien le croire, nous trouverons les moyens pour qu'elles poursuivent cette activité. Ou en tout cas que les personnes qui étaient jusqu'ici prises en charge par ces structures le soient par d'autres", précise le magistrat.

"C'est un ping-pong politique qui se déroule au-dessus de nous", résume Sandrine Meyer-Chanson. "Ces questions politiques sont peut-être légitimes, mais nous trouvons dommage que cela mette en péril des mesures qui marchent et qui permettent à des personnes de changer leur vie." A l'image de Paulo, plein d'espoir, dont le stage a déjà permis au jeune homme de décrocher plusieurs entretiens.

Reportage d'Isabelle Gonet

Adaptation web: tmun

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