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Pierre Maudet "a franchi la ligne rouge", estime Antonio Hodgers

Affaire Maudet-Le président de l'exécutif genevois Antonio Hodgers hausse le ton.
Affaire Maudet/Le président de l'exécutif genevois Antonio Hodgers hausse le ton. / 19h30 / 2 min. / le 21 décembre 2018
Antonio Hodgers, président du Conseil d’Etat genevois, sort de sa réserve au sujet de "l'affaire Maudet". Il soupçonne son collègue d’avoir voulu soustraire de l’argent au fisc, ce que l'intéressé conteste.

Le volet fiscal de l’affaire Maudet occupe le Conseil d’Etat genevois et provoque des tensions en son sein. Selon une information du 19h30 de la RTS, mercredi, le gouvernement a demandé à Pierre Maudet de lui remettre le document qu’il a commandé à l’expert fiscal Xavier Oberson sur sa situation fiscale. Une demande rejetée par l’élu PLR.

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Pour mémoire, ce document de cinq pages que la RTS s’est procuré confirme que Pierre Maudet a déduit de ses impôts 40'000 francs de cotisations à son parti politique, des sommes qui ont pourtant été versées par son comité de soutien. Il a procédé de la sorte à quatre reprises, en 2013, 2014, 2015 et 2017. Selon Xavier Oberson, Pierre Maudet s’expose à un rattrapage d’impôts de 9000 francs.

"Faute incompatible avec sa fonction"

Interrogé par la RTS, Antonio Hodgers dénonce une pratique inadmissible. "S’il est confirmé que, pendant quatre ans, Monsieur Maudet a volontairement donné un certificat de déduction, celui du PLR - alors qu’il savait pertinemment que ce n’était pas lui qui avait directement payé les 10'000 francs de cotisation au parti - on peut difficilement considérer qu’il n’y a pas eu intention de soustraire au fisc certains montants", estime le ministre.

Pour le ministre écologiste, une limite a été franchie. "Pour moi, il est inadmissible, d’un point de vue éthique et moral, qu’un conseiller d’Etat fasse sciemment des démarches pour soustraire au fisc de l’argent dû, et ceci sur plusieurs années. C’est une faute qui est incompatible avec la fonction de conseiller d’Etat."

"Aucune volonté d’induire le fisc en erreur"

Pointé du doigt, Pierre Maudet se défend par écrit. "Il n'y a jamais eu de ma part la volonté de soustraire de l'argent ni d'induire le fisc en erreur", affirme-t-il.

La tension semble palpable au sein du Conseil d’Etat genevois. Pourtant, Pierre Maudet se voulait rassurant dans les colonnes du Temps jeudi. "Le Conseil d’Etat fonctionne très bien. Si le rôle des institutions est respecté, cela nous aura plutôt soudés", assurait-il.

Antonio Hodgers ne partage pas cet optimisme. "L’attitude actuelle de Pierre Maudet ne permet pas de créer des circonstances de retour à la confiance après le mensonge (ndlr: sur son voyage à Abu Dhabi) qui a duré pendant plus de deux ans." Le président de l’exécutif cantonal précise que "la ligne rouge que je peux me mettre par rapport à mes valeurs personnelles, morales, est franchie depuis très longtemps".

Rendez-vous le 15 janvier

Ces propos font réagir Pierre Maudet. "Son appréciation le regarde, même si en tant que président du Conseil d'Etat, Antonio Hodgers doit tenir une ligne garantissant la stricte séparation des pouvoirs et la neutralité des institutions", rétorque-t-il. "Monsieur Hodgers n'a pas à engager une instruction parallèle, l'Administration fiscale cantonale agissant dans le cas d'espèce comme une autorité indépendante", poursuit-il.

La prochaine étape de l’affaire Maudet aura lieu le 15 janvier, lors de l’assemblée générale du PLR, où la base devra dire si elle renouvelle ou non sa confiance dans son magistrat.

Fabiano Citroni/kkub

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