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L'ex-ministre fribourgeoise Marie Garnier sort blanchie de la procédure ouverte contre elle

L'ancienne conseillère d'Etat Marie Garnier est innocentée aujourd'hui. Elle était accusée de violation du secret de fonction.
L'ancienne conseillère d'Etat Marie Garnier est innocentée aujourd'hui. Elle était accusée de violation du secret de fonction. / 19h30 / 1 min. / le 23 octobre 2019
Le Ministère public fribourgeois a annoncé mercredi le classement de la procédure pour violation du secret de fonction qui visait l'ex-ministre fribourgeoise Marie Garnier. Il estime qu'elle a agi pour sauvegarder des "intérêts légitimes".

Le procureur extraordinaire Pierre Aubert a classé la procédure pénale ouverte contre l'ancienne ministre écologiste fribourgeoise Marie Garnier pour violation du secret de fonction, a-t-il fait savoir mercredi dans un communiqué. Cette procédure avait été ouverte le 13 février dernier.

Révélée sur les ondes de la RTS en mars 2017, l'affaire Garnier avait mis au jour un conflit présumé de personnes au sein de la préfecture de la Sarine sur fond d'accusations de harcèlement.

Afin de défendre l'honneur professionnel d'une collaboratrice de la préfecture de la Sarine qu'elle estimait compromis, la conseillère d'Etat Marie Garnier avait transmis l'intégralité d'un rapport d'audit, sans en caviarder les noms, aux médias régionaux qui suivaient l'affaire.

"Motifs légitimes"

Dans son ordonnance de classement, le procureur extraordinaire estime que Marie Garnier a agi en conformité avec la "sauvegarde d'intérêts légitimes", et rappelle que cela peut justifier une violation du secret de fonction, notamment pour "les autorités confrontées à des situations particulièrement délicates".

Selon le procureur, les intérêts de la collaboratrice du préfet étaient menacés par ces fuites dans la presse. Il reproche aux médias, dont la RTS, d'avoir rendu cette personne identifiable.

"En tant que représentante de [son] employeur et responsable de la protection de sa personnalité, Marie Garnier avait des motifs légitimes de (...) nuancer les attaques dont sa subordonnée était l'objet". Pour le procureur extraordinaire, le Ministère public fribourgeois n'aurait pas dû ouvrir de procédure à l'encontre de Marie Garnier.

Classement de la procédure contre inconnu

Est également classée la procédure pour violation du secret de fonction qui avait été ouverte en juin 2017 contre inconnu, en lien avec la divulgation de courriers entre la Préfecture de la Sarine et le Conseil d'Etat fribourgeois.

La procédure n'a pas permis d'identifier le ou les auteurs de ces fuites à la presse, relève le Ministère public, qui n'exclut toutefois pas de reprendre le dossier en cas de faits nouveaux. Tous les frais de procédure ont été mis à la charge de l'Etat.

Nombreuses répercussions

Cette affaire a secoué le canton de Fribourg ces deux dernières années et a eu des répercussions politiques. Après avoir été sous pression pendant des mois, Marie Garnier avait été acculée à la démission en novembre 2017, entraînant des élections complémentaires au printemps 2018 qui avaient permis au PLR Didier Castella de s'installer à l'exécutif.

La loi sur les préfectures a en outre été modifiée pour accorder davantage d'autonomie aux préfets dans l'engagement de leur proches collaborateurs.

Procureur récusé

Il y a également eu des rebondissements judiciaires: Pierre Aubert, procureur général du canton de Neuchâtel, a dû être désigné procureur extraordinaire en novembre dernier, suite à la récusation du procureur général fribourgeois Fabien Gasser.

Au lendemain de l'annonce de la démission de la conseillère d'Etat, il avait été révélé que ce dernier entretenait une relation avec la vice-chancelière de l'Etat de Fribourg.

La défense de Marie Garnier avait alors estimé que la vice-chancelière était susceptible d'avoir assisté à des séances du gouvernement traitant de l'affaire.

Article web: Pauline Turuban

Sujet radio: Fabrice Gaudiano

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Marie Garnier: "Je ne regrette pas d’avoir démissionné"

Marie Garnier a réagi à l'annonce du Ministère public - et aux déclarations du gouvernement fribourgeois - dans l'émission Forum. "Dans le communiqué, le gouvernement se dit rassuré sur le plan institutionnel des conclusions du procureur extraordinaire. En fait, j’avais souhaité que le Conseil d’Etat défende les institutions et explique notamment au Grand Conseil la valeur de l’immunité pour exercer une fonction gouvernementale. Il ne l’a pas fait, il laisse le procureur le faire. Je pense qu’à l’avenir il se montrera plus décidé et solidaire", explique-t-elle.

Marie Garnier est également revenue sur les événements de 2017: "J’ai démissionné avant d’être définitivement usée. Je ne le regrette pas. Il faut pouvoir exercer l’autorité, il ne faut pas être inhibée dans ses actions. Dans l’intérêt public, dans mon intérêt et celui de ma famille, qui a été soumise à un lynchage médiatique violent, il fallait démissionner. Aujourd’hui je vois mes projets se réaliser, c’est une satisfaction."

>> L'interview de Marie Garnier dans Forum:

Satisfaction des Verts

Les Verts fribourgeois ont salué dans la foulée le classement de la procédure ouverte à l'encontre de Marie Garnier. "Jamais les Verts n'ont douté qu'une fois extraite des mains du monde politico-judiciaire fribourgeois, cette procédure retrouverait le statut qui aurait toujours dû être le sien, celui d'une non affaire", selon leur communiqué.

A leurs yeux, Marie Garnier ressort totalement blanchie de l'ordonnance de classement. "C'est la victoire de l'honnêteté et de la défense de l'intérêt public", se réjouit le parti cantonal.