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Le forcené de Bienne souffre de troubles délirants, selon les experts

Peter-Hans Kneubuehl accompagné de deux policiers devant la salle du tribunal d'arrondissement de Biel Bienne. [Sandro Campardo]
Peter-Hans Kneubuehl accompagné de deux policiers devant la salle du tribunal d'arrondissement de Biel Bienne. - [Sandro Campardo]
Peter Hans Kneubühl doit être considéré comme irresponsable, selon la directrice du service de psychiatrie de l'Université de Berne. Il est victime, selon elle, de troubles délirants, a-t-elle déclaré mardi au 2e jour du procès du forcené de Bienne.

La deuxième journée du procès du "forcené" de Bienne a été consacrée à mieux cerner l'état mental du retraité. Selon la psychiatre, Peter Hans Kneubühl ne souffre pas de schizophrénie mais est victime de troubles délirants et doit être considéré comme irresponsable.

Le presque septuagénaire ne parvient pas à sortir de sa logique et est enfermé dans ses certitudes, selon l'expertise présentée mardi par la psychiatre Anneliese Ermer devant le Tribunal régional Jura bernois-Seeland. L'experte a dressé le portrait d'un homme qui s'est peu à peu éloigné dès les années 90 d'une vie "normale".

Selon la psychiatre, le trouble qui touche Peter Hans Kneubühl est caractérisé, selon la classification de l'OMS, par la "survenue d'une idée délirante unique ou d'un ensemble d'idées délirantes apparentées, habituellement persistantes, parfois durant toute la vie". Le retraité n'est toutefois pas victime d'hallucinations.

"Guerre contre un ennemi"

Le 8 septembre 2010, cet homme alors âgé de 67 ans avait pris en compte sa mort pour s'opposer à la vente forcée de sa maison. Il s'était préparé à être abattu par la police, censée vouloir l'éliminer. Pour l'experte, sa résistance armée contre la vente forcée de sa maison était liée à ses problèmes psychiques.

Le forcené a été arrêté sans résistance après neufs jours de cavale. [Karin Widmer]

Pour lui, c'était une guerre contre un ennemi, en l'occurrence les autorités et la police. Au cours de son audition de la veille, le retraité biennois s'était présenté comme la victime de l'Etat et des machinations de sa soeur qu'il qualifie de "diable". Il a à nouveau déclaré mardi sa haine à l'égard de cette soeur.

Le sexagénaire refuse en bloc les conclusions de l'expertise. Il a presque perdu son sang froid en écoutant la psychiatre dresser son portrait mardi. Assumant sa défense avec un avocat commis d'office, Peter Hans Kneubühl a plusieurs fois été remis à l'ordre par le président Markus Gross lorsqu'il s'adressait à la psychiatre.

Pronostic défavorable

La psychiatre a établi un pronostic défavorable. Il existe en effet un risque que le sexagénaire reproduise les actes de septembre 2010 s'il devait à nouveau se sentir acculé. Sur la base de l'expertise, le Ministère public recommande au tribunal de déclarer le retraité irresponsable et de le placer dans un établissement fermé.

Le réquisitoire et les plaidoiries auront lieu vendredi. Quant au verdict, il est attendu en fin de semaine prochaine. L'homme qui avait défié durant dix jours la police et les autorités au mois de septembre 2010 saura alors s'il sera interné dans une unité psychiatrique pénitentiaire.

Lundi, au premier jour de son procès,  Peter Hans Kneubüh s'était présenté comme une victime d'un Etat policier qui n'a cessé selon lui de le harceler. Dans un discours parfois décousu mais aussi combatif, il a dénoncé tour à tour la justice, la police et les autorités, accusées d'opprimer le peuple.

ats/vkiss

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