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Thurgovie souhaite supprimer l’enseignement du français au primaire

Le Grand Conseil thurgovien a dit "nein" au français. [Keystone - Regina Kühne]
Thurgovie devrait reléguer l'enseignement du français au secondaire / Le 12h30 / 2 min. / le 3 mai 2017
Le Parlement thurgovien a décidé mercredi en première lecture de repousser l'enseignement du français à l'école secondaire. Le canton s'écarte ainsi du concordat HarmoS et du plan d'étude alémanique.

A l'issue d'un long débat nourri de près de deux heures, les députés thurgoviens ont décidé par 64 voix contre 53 que la langue de Molière sera enseignée de manière renforcée à partir de la 7e année.

Le Grand Conseil thurgovien entre ainsi en matière sur la modification de la loi scolaire soumise par l'exécutif cantonal. En été 2014, il avait chargé le gouvernement cantonal de lui proposer un projet renvoyant l'enseignement du français de la 5e année primaire à l'école secondaire.

>> Reportage sur l'enseignement du français dans des classes de Thurgovie :

Enseignement du français. [Keystone - Gaëtan Bally]Keystone - Gaëtan Bally
Le canton de Thurgovie veut retarder l’apprentissage du français au secondaire / Le Journal du matin / 4 min. / le 3 mai 2017

La ministre de l'éducation Monika Knill (UDC) a appelé en vain à "ne pas s'engager dans cette voie solitaire" pour le canton et à donner une véritable chance à l'amélioration des conditions d'enseignement du français.

Alliance UDC-Verts-PDC

Les députés de l'UDC, des Verts, du PDC et de l'UDF se sont majoritairement prononcés en faveur de la suppression du français à l'école primaire. Il vaut mieux renforcer les compétences chancelantes des élèves surchargés en allemand plutôt que de maintenir le français précoce qui n'a pas atteint ses objectifs, ont-ils fait savoir. Les compétences en français seront, elles déterminantes à la fin de l'école obligatoire, pas avant, selon eux.

Le PLR, le PS, une minorité PDC, les Vert'libéraux et le PBD ont bataillé en vain contre le renvoi de cette branche à l'école secondaire. Ils ont dénoncé les "dégâts colatéraux" qu'engendrerait un abandon du français au primaire en matière de cohésion nationale.

"Très mauvais signal"

Ce vote est un "très mauvais signal", a réagi Jacques-André Maire, président d'Helvetia Latina, institution luttant pour améliorer la place des langues minoritaires au sein de la Confédération. "On peut craindre que les objectifs d'apprentissage du français ne soient pas atteints" en fin de scolarité.

"En retardant encore le français, il perd en attractivité, car les préjugés augmentent avec l'âge des élèves", analyse le conseiller national neuchâtelois. "Et le plaisir des langues diminue."

De leur côté, les services du ministre de l'Intérieur Alain Berset n'ont pas voulu commenter le vote. Il ne s'agit que d'une première lecture, ont-ils fait valoir.

De son côté, Christophe Darbellay, chef du Département valaisan de l'économie et de la formation, s'inquiète de ce débat " pas nouveau".

Christophe Darbellay (PDC-VS). [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
Christophe Darbellay s'inquiète de la suppression de l'enseignement du français au primaire / Le Journal du matin / 7 min. / le 4 mai 2017

ats/lgr/boi

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Les Grisons voteront aussi sur les langues

Les citoyens grisons pourront voter sur une initiative cantonale qui exige qu'une seule langue étrangère soit enseignée à l'école primaire. Le Tribunal fédéral a jugé mercredi que le texte peut se prêter à une interprétation conforme à la Constitution fédérale.

Si l'initiative venait à être acceptée par le peuple, l'anglais ne serait enseigné au degré primaire que dans les régions germanophones du canton. Dans les régions italophones et romanches, l'allemand deviendrait la seule langue étrangère dans les programmes primaires.

L'exécutif cantonal avait mis son veto, arguant que l'initiative provoquerait une discrimination fondée sur la langue et qu'elle serait contraire au droit supérieur. Le Grand Conseil avait suivi avant que le Tribunal administratif cantonal ne donne raison au comité d'initiative.