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Pour Berne, l'annulation de la visite du ministre turc ne se justifie pas

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, le 7 mars 2017 à Hambourg, en Allemagne. [Keystone - Daniel Reinhardt]
Pour Berne, l'annulation de la visite du ministre turc ne se justifie pas / Forum / 3 min. / le 9 mars 2017
Sollicitée par le canton de Zurich, la Confédération estime que l'annulation pour des raisons de sécurité de la visite du ministre turc des Affaires étrangères, prévue dimanche, ne se justifie pas.

Dans un communiqué publié jeudi, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) écrit que la visite de Mevlüt Cavusoglu ne "représente pas une menace particulièrement élevée du point de vue de la sécurité intérieure de la Suisse".

Une rencontre entre une représentante du DFAE et l'ambassadeur de Turquie pour discuter des modalités de cette visite a d'ailleurs eu lieu jeudi à Berne.

Dans son communiqué, la Confédération souligne encore "l'importance du principe de liberté d'expression dans notre pays". Mais elle attend "des autorités des autres pays, notamment de la Turquie, qu'elles y accordent la même importance".

L'hôtel Hilton annule la réunion

Plus tôt dans la journée, l'hôtel Hilton, près de l'aéroport de Zurich, avait lui décidé d'annuler la réunion avec le ministre turc des Affaires étrangères, avait annoncé SRF.

Les responsables de l'établissement estiment que "la sécurité n'est pas garantie pour les clients et le personnel de l'hôtel, ainsi que pour les participants à l'événement", avait précisé à la radio alémanique le gestionnaire d'événements pour l'hôtel Hilton de Zurich-Opfikon, Alexei Lintschuk.

Le chef de la diplomatie turque devait rencontrer les consuls généraux turcs en poste en Suisse et en Autriche, puis s'entretenir avec des membres de la communauté turque de Suisse.

Selon l'hôtel, la manifestation avait été organisée à la demande de l'Union des démocrates turcs européens (UETD). Proche du parti au pouvoir en Turquie, l'UETD a une section en Suisse.

Zurich opposé à la visite

Les autorités zurichoises souhaitaient pour leur part l'annulation de ce qui ressemblait fort à un meeting de campagne. C'est pourquoi le président du Conseil d'Etat zurichois s'était adressé à la Confédération.

>> Lire sur ce sujet : Zurich demande l'annulation d'un meeting du ministre turc de l'Extérieur

Jeudi soir, le canton de Zurich a dit prendre note de la décision de la Confédération. "La police cantonale fera tout son possible au nom du Conseil fédéral et en collaboration avec les autorités locales pour assurer la sécurité et maintenir la loi et l'ordre", indique-t-il dans un communiqué lacunaire.

"La Suisse n'a pas à importer des tensions de pays tiers"

Ajoutant sa voix au débat, le conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE), favorable à l'interdiction de la manifestation prévue dimanche, a estimé dans l'émission Forum de la RTS que "si le ministre turc se rend à Zurich, c'est qu'il va pouvoir attirer la population allemande d'origine turque qui ne peut pas avoir ce débat en Allemagne pour des questions de sécurité".

"En Suisse, la grande partie de la population turque est d'origine kurde, c'est-à-dire la population qui est actuellement sous la répression du régime de M. Erdogan. Et il est clair qu'il y a là un risque potentiel de conflit. La Suisse n'a pas à importer des tensions de pays tiers", a-t-il déclaré.

"Le problème ici est qu'on n'a pas la visite de parlementaires qui se mettent autour d'une table avec plusieurs idées, mais l'autorité de l'Etat représentée par un ministre qui vient s'imposer dans le débat sans discussion".

fme avec ats

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