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Les gardes-frontière tessinois formés en vue de futures vagues migratoires

Le chef du domaine de la migration au Corps des gardes-frontière rappelle que "l’asile est un bien précieux". [RTS - Nicole della Pietra]
Les gardes-frontière tessinois se préparent à une nouvelle année de pression migratoire / Le Journal du matin / 3 min. / le 2 mars 2017
Les gardes-frontière se préparent à de nouvelles vagues d’arrivées record de migrants à Chiasso. Ils tirent aussi les leçons des critiques dont ils ont été l’objet, avec des nouveautés dans les procédures, a appris la RTS.  

Parmi les nouveautés annoncées figure la prochaine mise en place d’un service de traduction téléphonique à distance. Il est en effet impossible d'avoir en permanence des interprètes pour toutes les langues et leurs nombreux dialectes. Ce service, déjà utilisé dans le domaine hospitalier, permettra de faire face aux problèmes de communications avec des langues moins répandues parmi les migrants.

Autre nouveauté et pas des moindres: des formations spéciales, dispensées par des spécialistes d’au moins deux grandes ONG, pour une communication respectueuse des codes culturels et humanitaires avec les migrants. Ces formations doivent se tenir ces prochaines semaines.

Des efforts seront également consentis dans l’aménagement des locaux des gardes-frontière pour préserver la sphère privée des personnes pendant la procédure. De nouvelles synergies, inédites, devraient voir le jour sous peu avec l'Italie.

Politique d’accueil critiquée

Il ne s’agit pas d’une sorte de réponse aux critiques qui ont fusé depuis l’été dernier, se défend Patrick Benz, chef du domaine de la migration au Corps des gardes-frontière. "On a toujours adapté nos procédures. Il faut en permanence adapter les travaux et les procédures pour nos collaborateurs."

La presse italienne avait alors qualifié la Suisse "d'égoïste et verrouillée". Un rapport d’Amnesty International, publié il y a une semaine, dénonce des contrôles au faciès, du zèle et le refoulement de mineurs non accompagnés par dizaines, parfois dans la nuit et le froid. "Des accusations infondées", assure Patrick Benz.

Si le nombre de réadmissions en Italie a aussi battu des records avec 19’000 renvois, elles sont proportionnelles au nombre d’arrivées. "Elles n'ont rien à voir avec des changements de pratique, tel que cela a été reproché à la Suisse, mais reflètent simplement la situation".

Le chef du domaine de la migration au Corps des gardes-frontière tient aussi à rappeler que "l’asile est un bien précieux, qu’il ne s’agit pas de brader". C’est pourquoi il n’est pas spontanément proposé, c’est à la personne qui souhaite bénéficier de la protection de la Suisse d’en faire la demande. Des exceptions sont cependant faites pour les personnes vulnérables, assure l’officier.

Nouvelles tensions en vue

Pour rappel, l'année 2016 a été marquée par plus de 48’000 entrées en Suisse, dont presque les trois quarts à la porte sud du pays. Des pics à près de 600 entrées en 24 heures ont été enregistrées l'été dernier. A titre de comparaison, en 2013, le bilan annuel frôlait à peine les 12'000 arrivées. Cette année, le scénario devrait se répéter. Selon Patrick Benz, "on peut même s’attendre à battre un nouveau record".

C’est sans compter de potentiels imprévus, liés à de nouvelles crises, qui pourraient encore faire exploser les chiffres, ajoute le spécialiste en rappelant, que "tout dépendra aussi de la posture de la Turquie face aux prochains flux de migrants, tandis que la route de la Méditerranée restera très fréquentée".

Nicole della Pietra/lgr

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