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Appenzell Rhodes-Extérieures, paradis de la médecine alternative et des petites primes

Appenzell ou la capitale des médecines alternatives. Le canton attire chaque année des milliers de patients du monde entier.
Appenzell ou la capitale des médecines alternatives. Le canton attire chaque année des milliers de patients du monde entier. / 19h30 / 3 min. / le 9 novembre 2022
Appenzell Rhodes-Extérieures connaît l'une des législations les plus libérales de Suisse en matière de médecines alternatives, attirant, chaque année, des milliers de patients du monde entier. C'est aussi l'un des cantons où les primes maladie sont les moins élevées de Suisse.

Une équipe du 19h30 de la RTS s'est rendue sur place, d'abord à Heiden, où l'Appenzellois Johann Schmid exerce en tant que naturopathe diplômé, sans être médecin. Il y a 30 ans, cet ancien conducteur de locomotive s'est reconverti dans la naturopathie. Aujourd'hui, Johann Schmid possède le plus gros cabinet d'Appenzell: dix employés et des milliers de patients venus du monde entier.

Devant les caméras de la RTS, une scène inattendue. "Je fais cette injection ici, sous la peau, au niveau de la musculature", explique le naturopathe. Cette scène-là n'est possible qu'en Appenzell Rhodes-Extérieures. C'est le seul canton où les naturopathes sont autorisés à faire des injections sous-cutanées.

Dans sa pharmacie, il possède un atout: des médicaments naturels autorisés uniquement dans son canton. La liste d’autorisation cantonale comporte environ 400 préparations. "Sans thérapie par injection, sans ces suppositoires, je ne pourrais absolument pas gérer le cabinet", lance-t-il.

Hégémonie des médecines alternatives

Depuis des siècles, dans cette petite contrée appenzelloise, les médecines alternatives sont reines. Elles sont ancrées dans la Constitution du canton depuis 150 ans. En Appenzell Rhodes-Extérieures,  on compte un naturopathe pour 200 habitants, mais pas de charlatan, selon le canton, car la pratique serait très encadrée. Le canton exige un examen préalable à l’exercice de la naturopathie. En Suisse, les Appenzellois de l'extérieur sont aussi ceux qui paient parmi les primes maladie les moins corsées du pays: 287 francs en moyenne, pour 2023.

Pour le ministre de la Santé du canton, Yves Noël Balmer, la recette n'a pas de secret: "la médecine naturelle est un amortisseur de coûts dans la mesure où les gens réfléchissent bien à l'opportunité d'un traitement par la médecine naturelle, qui est moins cher que la médecine classique."

"Quand je compare avec d'autres cantons ce qu'une famille dépense chaque mois pour les primes d'assurance maladie, alors je suis fier de notre système", conclut-il.

Une tradition rentable

Cette tradition de médecine alternative rapporte aussi. A travers tout le canton, des dizaines d'entreprises fabriquent des remèdes "naturels". À Herisau, l'un des plus gros fabricants du marché, Hänseler SA, emploie 135 employés qui produisent des médicaments à base de plantes de la région.

Daniel Hirsbrunner, directeur des opérations, raconte le procédé d'élaboration de ces médicaments: "Il s'agit d'un processus de macération durant lequel la drogue végétale est recouverte d'un mélange d'éthanol et d'eau. Il permet ainsi d'extraire la substance active de la plante."

Ces dernières années, les ventes de cette entreprise ont bondi de 10%. "La demande en remèdes naturels à base de plantes a augmenté. De nombreux patients commencent aussi à en avoir assez des produits chimiques", explique le directeur.

Sujet TV: Nathalie Piguet et Julien Guillaume

Adaptation web: Julien Furrer

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