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La réalité virtuelle utilisée dans les enquêtes criminelles pour la première fois en Suisse

C'est une révolution pour les enquêtes criminelles. Zurich exploite la réalité virtuelle issue de la technologie de jeux vidéos.
C'est une révolution pour les enquêtes criminelles. Zurich exploite la réalité virtuelle issue de la technologie de jeux vidéos. / 19h30 / 2 min. / le 19 juillet 2021
Dans le canton de Zurich, la réalité virtuelle issue de la technologie des jeux vidéo est désormais utilisée dans les enquêtes pénales. Elle facilite le travail des experts, mais aussi celui des juges dans les tribunaux. Il s'agit d'une première dans le pays.

Dans les locaux de la police forensique à Zurich, les agents peuvent désormais se rendre sur les lieux d'une enquête sans quitter leur poste. Il leur suffit d'enfiler des lunettes de réalité virtuelle, empruntées aux jeux vidéo.

Les scènes d'agression sont reconstituées dans les moindres détails, dans un espace en trois dimensions. Mobilier, armes ou encore personnes présentes au moment des faits peuvent être déplacés à la guise des agents de police.

Les témoins, mais également les procureurs et les experts criminels peuvent aujourd'hui utiliser cette technologie au cours d'une enquête pénale. Et cette scène virtuelle est bien plus pratique que le lieu réel.

Avec cette méthode, "le médecin légiste essaie de reconstituer le puzzle entre l'auteur, la victime, l'angle de tir et les traces", raconte Till Sieberth de l'Institut de médecine légale à l'Université de Zurich. "Il regarde comment ces éléments sont positionnés les uns par rapport aux autres et vérifie si tout est plausible".

Numérisation de la scène

Unique au monde, le centre de compétence en "réalité virtuelle" a été fondé en 2017 par la police forensique zurichoise et l'Université de Zurich. Afin de recréer ces espaces sur ordinateur, il est nécessaire dans un premier temps de se rendre sur la scène réelle du crime et de scanner le lieu avec un dispositif laser.

"Chaque seconde, le laser capture deux millions de points de mesure des surfaces. Le tout dure moins de deux minutes", explique Erika Dobler, experte en criminalistique à l'Institut médico-légal de Zurich.

La numérisation ne s'arrête toutefois pas là. L'équipe zurichoise utilise également un tomographe pour pratiquer des autopsies en trois dimensions des victimes retrouvées sur place. "Nous pouvons voir s'il y a des impacts de balles sur la personne ou des déformations sur la peau, précise Erika Dobler. "Tout cela est mesuré."

Première utilisation dans un procès

Cette année, la scène virtuelle de crime a franchi une nouvelle étape. Pour la première fois dans l'histoire de la justice suisse, cette technologie a été utilisée lors d'un procès dans un tribunal zurichois et a servi de preuve dans une affaire de meurtre.

Pour Lars Ebert, codirecteur du 3D-Zentrum, la réalité virtuelle dans le milieu forensique offre une meilleure communication. "Si nous sommes capables de mieux visualiser les avis d'experts et de mieux transmettre ce qu'ils sont censés dire, cela signifie qu'il y aura moins de malentendus au tribunal, moins d'ambiguïté et que les affaires seront closes plus rapidement et coûteront au final moins cher."

Un peu à l'image de l'invention des empreintes digitales il y a plus de 100 ans, la réalité virtuelle devient ainsi une petite révolution dans les affaires pénales complexes.

Julien Guillaume/iar

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