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"Le reste de la Suisse ne comprend pas les affaires tessinoises"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Pierre Rusconi, ancien président de l’UDC
L'invité de La Matinale (vidéo) - Pierre Rusconi, ancien président de l’UDC / La Matinale / 10 min. / le 18 novembre 2019
Au lendemain de la sortie de piste inattendue du PDC tessinois Filippo Lombardi dans la course aux Etats, l'ancien conseiller national UDC Pierre Rusconi analyse le vent de "dégagisme" qui a soufflé sur son canton.

Ancien président du Conseil des Etats, en poste depuis cinq législatures, le PDC Filippo Lombardi a été éliminé dimanche au 2e tour des élections fédérales par la socialiste Marina Carrobbio, pour 45 voix seulement. Cette dernière siégera désormais à la Chambre haute aux côtés de l'UDC Marco Chiesa. Au Tessin, ce sont donc les deux partis qui ont le plus perdu ailleurs en Suisse lors des élections fédérales qui l'emportent.

>> Sortie de piste inattendue de Filippo Lombardi: écouter le sujet de La Matinale :

Filippo Lombardi à l'heure de la défaite en compagnie de ses collègues de parti à Rivera (TI), 17.11.2019. [Ti-Press/Keystone - Davide Agosta]Ti-Press/Keystone - Davide Agosta
Sortie de piste inattendue pour Filippo Lombardi / La Matinale 5h - 6h30 / 2 min. / le 18 novembre 2019

Pourquoi ce canton va-t-il à contresens? "Cela fait plusieurs années que le Tessin est différent et toujours plus lointain de la Suisse", rappelle l'ancien conseiller national UDC tessinois Pierre Rusconi lundi dans La Matinale de la RTS. "Malheureusement, les affaires tessinoises sont différentes du reste de la Suisse et le reste de la Suisse ne les comprend pas ou les sous-estime."

Les frontaliers, "un problème sans solution"

L'ancien président de l'UDC tessinoise rappelle que le problème des frontaliers est devenu un problème sans solution dans son canton, "ou en tout cas on n'en voit pas", précise-t-il. "Les partis du centre n'ont pas donné de solutions. Les Tessinois ont donc pensé à passer à ceux qui ont proposé des solutions. Après, qu'elles deviennent réalité c'est une autre chose. Mais au moins ils veulent changer, ils veulent essayer avec quelqu'un d'autre."

La gauche et la droite ont chacune leurs propres solutions, relève Pierre Rusconi, alors que ceux qui sont à mi-chemin n'en ont pas apporté. C'est donc "un vote d'espoir de quelque chose de nouveau".

Marge de manoeuvre limitée face à Berne

"On a 12'000 personnes qui cherchent un travail, on a le record suisse du nombre de personnes à l'aide sociale, et on a un mouvement continuel des frontaliers qui remplacent les Suisses à tous les niveaux", rappelle-t-il. Or le canton a une marge de manœuvre très limitée face aux lois qui "arrivent depuis Berne".

La préférence indigène n'est pas la solution, estime l'ancien conseiller national. "Le problème, au Tessin, est la libre circulation. Et personne n'a donné de solutions réelles sur ce point, qui est sous-estimé" au Parlement fédéral. "Berne ne nous écoute pas du tout", déplore l'ancien politicien.

Deux élus porteurs au moins d'espoir

Les deux conseillers aux Etats tessinois élus dimanche, en revanche, sont porteurs au moins d'un espoir, estime Pierre Rusconi. "Ils nous donnent des solutions qui ne sont peut-être que des rêves mais les gens, aujourd'hui, ont besoin de rêver parce qu'ils ne croient plus à la réalité."

Pour Pierre Rusconi, le centre n'a rien fait et continue à trouver des solutions intermédiaires. "C'est très suisse, mais pour le Tessin, ce 'très suisse' ne marche plus."

Et quand l'espoir est de changer, "ceux qui paient ce sont les anciens", constate l'ancien élu. "Les Verts ont aussi eu un bon succès au Tessin avec des jeunes et c'était aussi important de porter une femme au Conseil des Etats. Cette situation a porté à ce tsunami qui a changé le Tessin."

Propos recueillis par Xavier Alonso/oang

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"Des ruptures avec les traditions en politique"

Le Tessinois Filippo Lombardi est loin d'être seul dans sa chute: il vient grossir les rangs de ceux qui n'ont pas été réélus lors de ces élections fédérales 2019, aux côtés notamment de ses collègues fribourgeois Beat Vonlanthen (PDC) et Jean-François Rime (UDC). Il y a d'autres exemples également en Suisse alémanique.

La Suisse fait-elle donc face à une vague de "dégagisme" en politique, à l'instar d'autres pays? Certains phénomènes sont semblables avec la France mais il y a tout de même une différence, souligne le politologue Claude Longchamp lundi dans La Matinale.

"Nous n'avons pas une vague, un mouvement, qui ne veut pas prendre de responsabilités en politique. Mais nous avons certainement des ruptures avec des traditions dans le comportement politique aussi en Suisse", poursuit le président du conseil d'administration de l'institut de sondage gfs.bern.

"Et là, nous avons des phénomènes assez semblables: nous avons éjecté des sénateurs (...), nous avons aussi changé beaucoup de personnes au Conseil national. Il y a vraiment un changement de politiques.

>> L'interview du politologue Claude Longchamp dans La Matinale: