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Ces filets de perche du lac qui proviennent en réalité de l'étranger

Les filets de perche importés sont trois fois moins chers que ceux du Léman. [Fotolia - HLPhoto]
Ces filets de perche du lac qui proviennent en réalité de l'étranger / On en parle / 6 min. / le 5 septembre 2017
Des filets de perche estampillés "du lac": la promesse de certains restaurateurs romands est alléchante. Mais près d'un tiers des établissements testés par la RTS et Bon à savoir proposent en réalité des poissons importés.

Alors que la plupart des restaurateurs romands ne précisent pas l'origine des filets de perche servis dans leur établissement - une mention qui deviendra obligatoire en mai 2018 - certains affirment servir des poissons locaux.

En collaboration avec le magazine Bon à savoir, l'émission On en parle a rendu visite à 20 restaurants des bords du Léman et du lac de Neuchâtel promettant de la perche "du lac". Les filets servis ont été testés en laboratoire. Résultat: six établissements ont en réalité servi du poisson importé.

Les restaurants testés lors de l'enquête. Ceux en rouge sont ceux qui ont faussement déclaré servir des perches "du lac". [Bon à savoir - DR]

Les filets de perche provenant d'Europe de l'Est ou d'Irlande ne s'avèrent pas nécessairement de moindre qualité. Ils sont par contre nettement moins chers que les poissons romands. Ceux-ci se négocient entre 50 et 90 francs le kilo. Soit deux à quatre fois plus cher que les poissons importés.

"Il est impossible de faire du 100% Léman"

Selon les six restaurateurs débusqués, les fausses déclarations d'origine doivent être mises sur le compte d'erreurs du personnel ou de malentendus. La question de la provenance leur avait pourtant été posée à plusieurs reprises.

Après ces prélèvements, plusieurs établissements ont admis recourir à des poissons importés lorsque leur stock local est épuisé. "Il est impossible de faire du 100% Léman", explique notamment le patron de La Pêcherie à Allaman (VD).

Si l'erreur est volontaire, cette fausse déclaration constitue pourtant une tromperie selon la loi, indique le chimiste cantonal vaudois Christian Richard. Si les autorités avaient effectué ce test, les restaurateurs fautifs auraient été condamnés à payer des émoluments et dénoncés à la préfecture, risquant encore une amende.

Enquête: Yves-Alain Cornu

Adaptation web: Tamara Muncanovic

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Protocole d'enquête

Les enquêteurs d'On en parle et de Bon à savoir ont rendu visite à 20 restaurants de manière anonyme. Ils ont prélevé trois filets par assiette et les ont envoyés au Service de la consommation et des affaires vétérinaires du canton de Vaud, qui a analysé les séquences ADN des filets. Le test a permis de déterminer l'origine des poissons.

Dans chaque établissement, les enquêteurs ont demandé à trois reprises si les filets de perche servis provenaient de Suisse: une première fois plusieurs jours avant le test par téléphone ou sur internet, puis une deuxième fois le matin du prélèvement par téléphone et sur place lors de la commande.