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Des labels pour pacifier la vie nocturne à Genève et à Lausanne

Les labels créés à Genève et Lausanne veulent promouvoir une vie nocturne égalitaire. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Des labels pour pacifier la vie nocturne à Genève et Lausanne / Le 12h30 / 3 min. / le 1 décembre 2016
De nouveaux labels voient le jour à Genève et Lausanne pour encourager une vie nocturne dans un climat respectueux et sécurisé. Les initiatives de ce type se multiplient en Suisse romande.

Coup sur coup et de manière non coordonnée, deux initiatives pour les lieux nocturnes sont lancées dans l'Arc lémanique.

A Genève, le label créé officiellement vendredi dernier et baptisé "We Can Dance It" sera attribué aux établissements qui luttent spécifiquement contre les comportements sexistes et le harcèlement subi parfois par la clientèle féminine lors des soirées.

Il veut promouvoir une vie nocturne égalitaire, où les femmes ne subiraient plus de comportements déplacés ou de menaces pour leur sécurité, à l'intérieur des clubs ou alentour.

"Beaucoup de sexisme dans les clubs"

"C'est un constat que beaucoup de noctambules ou de travailleuses et travailleurs de la nuit font, il y a beaucoup de sexisme dans les clubs", souligne Albane Schlechten, l'une des fondatrices du label, qui dirige le club La Gravière. "Il peut y avoir des agressions, mais il y a aussi ce sexisme ambiant et banalisé, des petites choses qui rendent la vie désagréable aux femmes dans le milieu de la nuit."

Pour recevoir l'estampille, les établissements devront prendre une série d'engagements - à commencer par une formation interne "pour s'entendre sur ce qu'est le sexisme, comment on fixe les limites et comment on appréhende les agressions sexistes." Ensuite, précise Albane Schlechten, "le club s'engage à communiquer des messages auprès du public et à travailler sur la question de l'espace public et des trajets la nuit."

Zone protégée pour les femmes?

Mais un point fait encore débat parmi les initiatrices du label: certaines préconisent l'instauration de "zones de récupération" sur le modèle des fameux "chill out", qui seraient réservées aux femmes à l'intérieur des clubs.

"On pense que c'est aussi aux femmes de pouvoir se réapproprier les espaces de nuit ou de club de manière générale, ou des trajets. Et est-ce que ça passe par la non-mixité dans un espace confiné? J'ai l'impression que, dans un premier temps, ça pourrait être intéressant d'envisager ça", explique la patronne de club genevoise.

Un label pour la qualité des nuits lausannoises

Un nouveau label va aussi voir le jour à Lausanne pour les clubs et les bars prêts à signer une charte de qualité, a appris la RTS. Baptisé "Label Nuit", il est né du constat que les lieux nocturnes lausannois peuvent gagner en qualité dans leur accueil et l'atmosphère de leurs soirées.

Il vise de multiples objectifs, comme l'explique son instigateur Thierry Wegmüller, propriétaire avec sa famille de plusieurs lieux nocturnes très courus dont le D!Club, et président de GastroLausanne: "Encourager ne serait-ce que les retours en transports publics, en taxi; tenir un protocole d'intervention médicale; participer à des actions de prévention auprès des jeunes; collaborer avec tous les organismes de prévention et de réduction des risques; dénoncer à la police tous les cas de violences physiques ou de troubles à l'ordre public; assurer la surveillance aux abords immédiats de l'établissement."

"Une femme doit se sentir en sécurité"

La démarche de "Label Nuit" se veut donc plus globale que le label genevois. Mais pour Thierry Wegmüller, la question du harcèlement subi par la clientèle féminine en fait bien partie. "Dans le label en question, nous avons déjà intégré ces questions-là", assure-t-il. "Cela passe par une formation, l'accueil, la carte de visite du club. Cela veut dire qu'une femme doit se sentir en sécurité quel que soit le lieu dans lequel elle se trouve - dans un club et dans ses abords immédiats. Le label "We Can Dance It" peut tout à fait nous inspirer, mais il faut voir comment l'affiner dans notre label sous sa version finale."

L'éventuelle création d'espaces non mixtes dans les clubs, en revanche, laisse le Lausannois très sceptique. Pour Thierry Wegmüller, ce serait un signe d'échec pour des lieux précisément destinés à favoriser les échanges et la rencontre.

Mathieu Cupelin/oang

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