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Les ORP se préparent à l'augmentation du chômage avec la crise du Covid-19

Une conseillère de l'ORP à Genève. [Keystone - Gaëtan Bally]
L'éclairage d'actualité / La Matinale / 4 min. / le 23 juin 2020
Les Offices régionaux de placement (ORP) de toute la Suisse se mobilisent, afin d'anticiper l’augmentation du nombre de chômeurs, une hausse due à la crise économique née de la pandémie de Covid-19.

Selon un décompte de la RTS, les ORP de Suisse romande ont déjà engagé, ou vont engager, plus de 85 nouveaux collaborateurs pour faire face à l’afflux de dossiers, une situation inédite.

L' objectif est d'anticiper le chômage qui va impacter très durement plusieurs régions de Suisse. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) table pour cette année sur un taux de chômage moyen de 3,8%, soit un point de plus que l’année passée, à savoir 15'000 à 20'000 personnes supplémentaires au chômage. Et le taux de chômage devrait encore progresser l’année prochaine pour atteindre 4,1%.

Les ORP arrimés au marché du travail

Les ORP - structures qui aident les personnes au chômage à trouver ou à retrouver un emploi - doivent tout comme les entreprises s’adapter à la conjoncture économique et au marché du travail. Moins de chômeurs égale moins de personnel, davantage de chômage signifie davantage de personnel, d’où l’engagement de conseillers et de collaborateurs supplémentaires. 

"Les ORP ou les autorités cantonales disposent d'une enveloppe budgétaire qui est liée au taux de demandeurs d'emploi", explique Damien Yerly, chef du secteur Marché du travail et Réinsertion au SECO à Berne. "Dans le cadre de cette enveloppe budgétaire, les autorités cantonales peuvent disposer des moyens selon leurs besoins, car elles sont à même d'estimer ce qui va leur arriver en terme de chômage."

Berne, Vaud et Genève en tête

Cette mobilisation des cantons représente actuellement au moins 85 collaborateurs en Suisse romande. Les engagements les plus importants ont eu lieu dans les cantons de Berne, Vaud et Genève. L’Arc jurassien se mobilise également. Valérie Gianoli, cheffe du Service neuchâtelois de l'emploi, a déjà engagé cinq personnes et pourrait en engager cinq supplémentaires.

"Le tissu économique du canton de Neuchâtel, très industriel et donc très tourné vers l'exportation,risque d'être fortement impacté par la crise du Covid-19", explique-t-elle. "Le Service de l'emploi se préoccupe de cette situation pour pouvoir répondre au flux des demandeurs d'emploi. Des mesures sont prises pour anticiper une dégradation éventuelle de la situation économique", souligne la responsable.

Pas de nouveaux engagements en Valais

Le Valais est le seul canton pour l’heure à n’engager personne, en raison de la spécificité de son tissu économique. S'il a enregistré durant les trois mois de la Covid 1500 chômeurs supplémentaires, le Valais a en effet connu également une forte baisse du chômage depuis 2017. 

"Nous avons déjà une baisse du chômage dans les secteurs de la construction et de l'agriculture, qui ont pleinement repris leurs activités. Et on commence déjà à avoir un léger recul, pour l'instant anecdotique, dans l'hôtellerie et la restauration", indique David Fellay, chef de la section Placement public de l’Etat du Valais. "Nous préférons avoir une politique prudente et attendre cet automne pour éviter d'engager du personnel supplémentaire qu'on devrait licencier dans six mois ou une année", explique-t-il.

Budget augmenté de 30%

Le coût de cette mobilisation est important. Selon les chiffres transmis par le SECO, le budget 2020 des ORP et de tout ce qui gravite autour a littéralement explosé, passant de 482 millions de francs en 2019 à 625 millions suite à la pandémie, soit presque 30% d’augmentation.

Et pour Damien Yerly, qui pilote au SECO les ORP et les différents organes qui s’occupent des demandeurs d’emploi, les cantons auront aussi davantage de possibilités pour proposer des formations complémentaires.

"Cela dépendra surtout des besoins locaux et régionaux en terme de marché du travail. L'assurance chômage ne finance bien sûr pas des mesures de reconversion en soi, mais des mesures de formation telles que des cours et d'autres moyens de réinsertion", précise-t-il. Des mesures qui se feront de manière évolutive, en fonction de l’ampleur réelle de la crise.

Gaël Klein/kkub

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