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Les familles repoussent l’entrée en EMS à cause du coronavirus

Des familles hésitent aujourd'hui à placer leur aîné en EMS à cause du COVID-19
Des familles hésitent aujourd'hui à placer leur aîné en EMS à cause du COVID-19 / 19h30 / 2 min. / le 20 juin 2020
Il y a rarement eu autant de lits disponibles dans les établissements médico-sociaux. Mais le secteur se heurte à la retenue des familles. Beaucoup hésitent à placer leur aîné en institution en raison de la crise sanitaire.

Durant la crise sanitaire, la majorité des personnes décédées à cause du coronavirus vivait dans les établissements médico-sociaux. Par mesure de précaution, ces institutions imposent désormais une mise à l'isolement de plusieurs jours à leurs nouveaux résidents. Cette contrainte, couplée à la crainte d'une contamination à travers la vie en communauté, a mené à une baisse significative des demandes d'hébergement.

Avant la crise sanitaire, le canton de Vaud comptait environ dix demandes d'hébergement pour chaque nouveau lit disponible. A ce jour, la demande moyenne a chuté à trois candidats par place libre. Comment expliquer cette baisse? "D'abord par la hausse du nombre de lits disponibles, qui correspond à la surmortalité des personnes âgées en EMS", explique Philippe Anhorn, directeur du Réseau santé, région Lausanne.

Mais le responsable reconnaît aussi "l'effet traumatisant" du nouveau coronavirus: "des personnes ont renoncé à demander une admission en EMS". Pour Philippe Anhorn, "il y a un travail à faire pour restaurer la confiance par rapport à une prestation, l'hébergement médico-social, qui a globalement beaucoup souffert".

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Réticences pour les inscriptions non urgentes

Le canton de Genève dispose aujourd'hui d'une centaine de lits libres: trois fois plus qu'avant la crise sanitaire, où la moyenne se situait plutôt entre 20 et 30 places disponibles. Florian Erard, chargé de projets à la Fegems (Fédération Genevoise des Etablissements Médico-Sociaux), précise: "Les entrées en EMS depuis l'hôpital fonctionnent toujours bien. Depuis le domicile, il peut y avoir plus de réticences".

Même constat en Valais pour Arnaud Schaller, Directeur de l'AVALEMS (Association valaisanne des EMS): "Aucun impact sur les entrées d'urgence. Sur les inscriptions moins urgentes, on sent une légère réticence, mais qui semble ne pas se confirmer dans les chiffres". Le taux d'occupation des EMS valaisans a chuté à 90% au plus fort de la crise sanitaire. Au 9 juin, il était revenu à 95%.

Manque à gagner

Alors que les familles hésitent à franchir le cap du placement en home, les établissements disposent d'un nombre inédit de chambres à prendre. L'EMS Les Lys à Prilly (VD) a fait partie des structures durement touchées par le coronavirus. L'institution de 59 places a compté jusqu'à 22 lits libres. Aujourd'hui, il en reste encore cinq, en cours de rénovation.

Christian Weiler, directeur de la fondation Primeroche, juge cette situation "tendue". "Cela représente d'abord une catastrophe humaine et sanitaire; qui va ensuite déboucher sur une crise administrative et financière, car vingt lits libres, c'est très lourd pour une institution comme la nôtre. On aura besoin de l'aide de l'Etat".

La réticence des familles face à l'entrée en EMS crée également un défi sanitaire: l'entrée en home est parfois une solution plus sûre que la maison. Philippe Anhorn souhaite ainsi rétablir la confiance: "L'hébergement est une vraie solution pour les personnes qui n'arrivent plus à assumer leurs besoins à leur domicile".

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Pascale Defrance

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