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Les conseillers d'Etat ont-ils droit à un congé paternité?

Les conseillers d'Etat ont-ils droit à un congé paternité? (vidéo)
Les conseillers d'Etat ont-ils droit à un congé paternité? (vidéo) / L'éclairage d'actualité / 4 min. / le 24 janvier 2020
Le congé paternité est à l’agenda politique et pourrait être soumis au peuple. Mais quelle est la situation pour les conseillers d'Etat? La question s’est posée récemment pour le Genevois Antonio Hodgers. Certains appellent à une exemplarité des élus sur ce thème de société.

A Genève, les employés d'Etat ont droit à dix jours de congé paternité, mais ce règlement ne s'applique pas aux membres du gouvernement. Dans les faits, le Vert Antonio Hodgers a donc aménagé son emploi du temps durant les jours qui ont suivi la naissance de son enfant, avant de profiter de quelques jours de vacances durant les Fêtes.

Cette différence de traitement entre fonctionnaires et conseillers d'Etat se retrouve aussi à Fribourg et en Valais, selon les indications obtenues par la RTS. Dans les autres cantons romands, ministres et employés d'Etat sont logés à la même enseigne. Pour précision, ce congé paternité oscille entre 5 et 10 jours selon les cantons, voire même 20 à Neuchâtel.

Des pratiques variables

A l'instar d'Antonio Hodgers, mais à une époque plus lointaine, le socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard a eu deux enfants en cours de mandat, en 2007 et 2009. Il a aménagé son temps de travail après ces naissances. "J'estimais que le mandat de conseiller d'Etat, même s'il est lourd, permettait de s'organiser plus librement qu'un salarié", explique-t-il.

A Fribourg, le PLR Maurice Ropraz est devenu père en 2016. Il a pris un jour, puis s'est arrangé pour dégager du temps ensuite à midi et le soir. Il agirait probablement un peu différemment aujourd'hui, mais dans les limites de ce que permet la fonction.

"La fonction de conseiller d'Etat permet de s'organiser pour quelques jours, mais c'est difficile en revanche de s'absenter durant des semaines sans mettre en déséquilibre le bon fonctionnement du gouvernement. Il faudrait passer à une suppléance par un collègue, et ça complique réellement les tâches d'un Conseil d'Etat", indique le ministre PLR.

"Question de volonté"

Autre exemple: à Berne, l'UDC Christoph Neuhaus est devenu père en 2014. Alors président du Conseil d'Etat, il s'est permis deux jours d'absence. "Compliqué pour un conseiller d'Etat d'être absent deux semaines", selon lui.

Le PLR Frédéric Favre, en Valais, estime lui avoir pris un congé paternité. Devenu papa pour la quatrième fois en fin d'année dernière, il n'a pas été totalement absent du bureau, mais s'en est très largement éloigné, avec plusieurs jours sans y passer.

"Pour moi, c'est important de montrer qu'on peut prendre un congé paternité quand on est conseiller d'Etat", affirme-t-il. "Ca veut dire que les autres peuvent le faire aussi. C'est une question de volonté, par contre cela demande de la discipline, d’accepter peut-être de repousser un délai, de déléguer un peu plus, de revoir des priorités, mais cela fait partie de la vie."

Malgré la distance prise avec sa fonction pendant cette période, Frédéric Favre observe que le Valais a "continué à tourner".

"Devoir d'exemplarité"

Alors que les Suisses pourraient se prononcer sur un congé paternité de deux semaines - puisque 55'000 signatures ont été déposées jeudi à la Chancellerie contre cette loi - certains estiment que les ministres se devraient de montrer l’exemple en prenant un véritable congé paternité. C’est notamment l’avis de la Verte Carmen Tanner, membre de l'Exécutif d'Yverdon, qui avait tenu l'an dernier à prendre son congé maternité, en faisant un acte presque militant.

Selon elle, "on est à un moment crucial où la question du congé paternité est à l'agenda politique. On a besoin d'hommes exemplaires maintenant pour faire avancer la cause." Carmen Tanner prône une coupure totale même pour les conseillers d’Etat. "Si un élu ne peut pas s'arrêter deux semaines, il y a quelque chose qui n'est pas sain".

>> Lire aussi : Assez de signatures contre le congé paternité, selon les opposants

Guillaume Rey/kkub

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